"Senti u Niolu chì trimuleghja"


Discorsu di Camille Martelli, a Vici Presidente di l'Assemblea di a Giuventù pà l'ultima seduta di a mandatura



Oghje, hè l’ultima sessione di a prima mandatura di a nostra Assemblea. Vogliu ringrazià tutti quelli ch’anu permessu à a ghjuventù d'esse attore di u prisente e di l'avvene di stu paese. 

Vogliu ringrazia dinù tutti i cunsigleri di st’Assemblea chi s'impieganu à fà la campà.

Spergu ch'elli seranu numerosi quelli chi s’addunisceranu a i so travaglii, perch’ella cuntinuessi à purtà a voce di a ghjuventù.

 

Allora forse, hè passatu u tempu di l’auguri, mà vogliu pregà chi l'annu novu vi purtessi Pace, salute, è gioia è chi u 2019 sia per a Corsica, un annu di prusperità.

L’annu scorsu s’hè compiu incù a disparizione di un omu ch’hà scrittu una grande parte di a storia muderna di a Corsica, è ùn mi paria pussibile di cummincià sta ghjurnata senza avè una parolla pè Edmond Simeoni.

 

Passées la force et la justesse des hommages qui lui ont été rendus, il me faut bien reconnaître la difficulté de l’exercice.

Que dire qui n’ait déjà été dit sur le parcours d’un homme, qui, avec d’autres aussi, a tout simplement redonné l’envie d’être ce que nous sommes ?

Sur un engagement commencé à 26 ans, sensiblement l’âge de cette Assemblée et la conscience précoce du traitement scandaleux réservé à notre île ;

Sur une révolte née très tôt, dans un contexte où l’on avait généralement de la Corse une idée fabriquée par une culture étrangère, et alors que le système claniste étouffait toutes velléités de débats d’idées et toutes possibilités de remises en question des privilèges établis ;

Et quel plus bel hommage rendre enfin à l’homme et son combat que de nous faire les passeurs entêtés du message qu’il a adressé à la jeunesse : celui qui nous invite à nous engager, à débattre et à agir, celui qui nous exhorte aussi à dépasser les options partisanes pour « approfondir ce qui nous unit » ?

Je me suis souvent interrogée sur le destin des hommes, sur ce qui façonne les êtres d’exception, sur ce qui les dépasse et les transcende.

Pour ces hommes-là, il est, je crois, des réalités intimes qui conditionnent la tonalité des combats et la dimension d’une détermination.

Pour Edmond Simeoni, des éléments de ces réalités s’imposent et relèvent de l’évidence :

Celle de l’amour qu’il a porté à cette terre à la beauté sidérante, à sa lumière et ses parfums, à son peuple et sa culture ;

Celle de la ferveur qu’il dévoilait lorsque de cette île, l’Histoire témoignait d’une gloire et d’une grandeur singulières ;

Celle enfin d’une fièvre amère et douloureuse qui l’emportait, lorsque, de la Corse, se ranimait le souvenir des drames et des échecs et se révélait l’injustice qui lui est faite.

L’injustice à laquelle il s’est dit allergique et qu’il identifiait comme l’origine de ses révoltes.

Celle de l’Argentella ;

D’Aleria ;

Et de son combat politique pour la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ;

Celle aussi dont il a choisi de rappeler le souvenir au moment de l’ultime adieu : l’injustice de l’arbitraire, tragique blessure de notre histoire, celle de l’annu di a disgrazia, di l’impiccati di u Niolu et de la volonté de l’oppresseur et de l'un de ses colonels de, je cite, « détruire entièrement cette race ».

E.S a dit de la Mort, qu’elle est un chemin calme et apaisé… une sérénité apprivoisée et conquise, peut-être, par le sentiment de ne pas avoir gaspillé le temps de la vie sans avoir fait ce que l’on pensait devoir faire.

La Muntagnera et les voix de la Filetta l’ont accompagné pour son dernier voyage à Lozzi.

Lozzi où il est revenu… pour vivre sa mort chez lui sur un chant qu’il a choisi. Un chant qui célèbre la tradition pastorale du Niolu et le chemin ancestral qui, du Falasorma en passant Caprunale ramenait les bergers vers les vallées d’estive.

Ce chant comme un symbole, celui du retour à la source d’une existence nourrie des pratiques immémoriales.

Comme un écho du rythme de la vie et du temps au contact d’une nature exigeante.

Le Niolu… la terre d’origine, « l’image refuge » a-t-il confié, un monde écarté du monde, dominé par la masse rocheuse du Cintu et dont la Scala di Santa Regina notamment, défend jalousement l’entrée avec sa route qui chemine et ouvre d’innombrables et inquiétantes perspectives sur des gorges où dévale le Golu.

Relief sauvage et chaotique, désert de roches âpres, mystérieux et terrifiant…

Passage tourmenté qui dramatise l’approche et livre enfin l’accès à un paysage calme et mesuré où se nichent villages et hameaux nés de l’impérieuse nécessité de vivre proches et solidaires.

Certains lieux nous habitent parfois autant que nous les habitons et la nature, comme l’Histoire et la Culture, forgent les êtres, sculptent les caractères et pétrissent les identités.

De ses contrastes et de ses oppositions, naissent souvent des hommes tout en révolte et en sagesse aussi, tout en bouillonnement et en mesure… intolérants à l’injustice, riches de certitudes mais assaillis de doutes, toujours soucieux pourtant de la vie et du respect de l’être humain.

I Muvrini anu cantatu U Niolu, sta terra induve Pampasgiolu impruvisava… è a stà a sente à E.S, à mè, mi paria sente U Niolu chi trimulava è a terra Corsa chi s'infrebbava.



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