Le Patrimoine de Corse | Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse

Exposition — Aldilà : Riti funararii è sprissioni di u sacru in a Corsica priistorica

La nouvelle exposition du Musée d'archéologie de la Corse s’inscrit dans le cycle d’expositions commun programmé entre les musées de Sartè, Aleria et Merusaglia.

Edit : L'exposition est prolongée jusqu'au 5 janvier 2025



© museu d’archiulugia di a Corsica – Graphica, 2022
© museu d’archiulugia di a Corsica – Graphica, 2022
Ouverte au public à partir du 20 janvier 2023, l'exposition est visible jusqu'au 5 janvier 2025. Elle retrace les rites funéraires et les expressions du sacré dans la Corse préhistorique. 

Le projet est porté par la Collectivité de Corse, en partenariat avec le ministère de la Culture – DRAC de Corse et l’Inrap – Institut national de recherches archéologiques préventives avec l’appui en tant que commissaire scientifique, de Monsieur Franck Leandri, archéologue préhistorien, conservateur général du patrimoine, Directeur régional des Affaires Culturelles de Corse.
Un programme d'activités et de conférences accompagne la visite de l'exposition sur des temps forts.
 

ALDILÀ | Rites funéraires et expressions du sacré dans la Corse préhistorique

Au musée d’archéologie de la Corse, à Sartè, l’exposition traite de la question des rites funéraires et des expressions du sacré en Corse avant l’Histoire. Ce sujet est développé en cortège du propos général du parcours permanent – les peuplements de la Corse, pré- et protohistoriques en particulier, déclinant ici la dimension funéraire et la relation au sacré.

Depuis les premiers peuplements humains de la Corse jusqu’à son entrée dans l’Histoire, là où commence l’occupation d’Aleria, le propos de l’exposition suit un parcours chronologique :
0. Partie introductive : la Corse, une terre de diffusion, d’échanges et de particularismes ;
1. Les sépultures des périodes anciennes (Mésolithique, premiers peuplements de la Corse) ;
2. Les pratiques funéraires à l’époque des premiers paysans ;
3. Sépultures monumentales et émergence des élites dans les premières communautés villageoises ; 4. Le IVe millénaire : sépultures collectives, monuments cérémoniels et sites sacrés ;
5. L’Âge du Bronze : héroïsation des guerriers ;
6. Sacraliser et ritualiser en entrant dans l’Histoire.
 
Des œuvres phares, des collections incontournables et des biens inédits sont réunis dans l’exposition. Elaborée au plus près de la recherche archéologique, la part belle est faite aux découvertes récentes, telles que Laninca, Balchiria ou Aleria, ainsi qu’aux grands sites de référence, comme le Monte Revincu ou Cauria. La collection de Cagnanu, prêtée par le musée des Confluences, est présentée pour la première fois en Corse.
 
En termes de contribution à la connaissance, elle rassemble, pour la première fois en Corse et avec une telle ampleur, des objets en les replaçant dans leurs contextes archéologiques et chronoculturels d’origine. A l’issue de l’exposition temporaire, une partie des œuvres présentées et des contenus pourra enrichir les fonds patrimoniaux et documentaires du musée.
 
Cette exposition se présente comme très documentée et didactique pour différentes catégories de publics. Le propos donne à voir et à comprendre œuvres originales, mobilières et monumentales en s’appuyant sur divers médias : fac-similés et maquettes, reconstitutions 3D, documentaires audiovisuels, textes, expérimentations. Ils argumentent un parcours mis en scène pour favoriser une intelligibilité riche et multiple aux patrimoines, aux documents et aux propos.
 

ALDILÀ | Une scénographie travaillée pour l’accessibilité de chacun

© museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022
© museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022

La scénographie transforme le contenu scientifique en parcours de visite sous-tendu par l’accessibilité du plus grand nombre. Cela se traduit en aménagements, mobiliers, dispositifs et ambiances. Ici, la proposition scénographique a réuni un scénographe, un constructeur de mobilier scénique, un éclairagiste, un graphiste forts d’une expérience commune dans des lieux prestigieux : Mobilier national –Galerie des Gobelins, Musée Picasso, Musée national de l’histoire de l’immigration, Musée d’Orsay, Château de Versailles, Louvre Abu Dhabi, expositions Napoléon au Musée de l’Armée/Invalides et à la Grande halle de la Villette et, plus proches de Sartè : expositions Aldilà. De l’ombre à la lumière au musée archéologique d’Aleria et Matisse en Corse au musée de la Corse. Ainsi, coordonnés par Scenografiá, les sociétés Studio Arredi, Graphica et Gelatic travaillent pour une mise en espace adaptée au projet de mise en valeur, à l’établissement et à ses publics. Leur proposition est finement réfléchie et travaillée avec des concepts scénographiques, la création de solutions techniques spécifiques aux points de vigilance, comme la fragilité des patrimoines et/ou points forts, comme le caractère exceptionnel ou représentatif de certaines collections.
 
La scénographie investit plusieurs espaces du musée, permanents et temporaires, où elle intègre des œuvres monumentales (statues-menhirs) et mobilières, des fac-similés et des maquettes, et fait la part belle au multimédia, peu présent dans la présentation permanente. Les salles de sections s’enchaînent avec la perméabilité du déroulement du temps et la succession des périodes. Sa conception intègre différents catégories de publics, les flux de visiteurs et différents types de perceptions individuelles : visuel, intellectuel, kinésique. Elle prend en considération la conservation préventive des œuvres par l’utilisation de matériaux neutres et compatibles, des mises à distance ou encore la gestion des flux de visiteurs. La maquette du Monte Revincu concrétise la topographie et les architectures mégalithiques en permettant aux regards de parcourir un secteur de ce site, peu connu des publics. Le mannequin, en armure, personnifie le guerrier de l’Âge du bronze tout en permettant de comprendre les panoplies figurées sur les statues-menhirs.
 
Le graphisme a pour objectif de proposer une compréhension intuitive de l’exposition. Il organise, hiérarchise et spatialise les textes et les visuels de l’exposition pour les visiteurs motivés par le caractère informatif du propos. Pour ceux, plus sensibles au ressentis, le contexte et l’ambiance sont notamment apportés par la photographie grand format du Monte Revincu sur la paroi vitrée, mais aussi par les éclairages tamisés.
 
L’éclairage met en lumière les œuvres remarquables, soulignant reliefs, traces d’outils, tout comme les objets moins lisibles au premier regard, dont elle fait ressortir l’intérêt historique. La statue-menhir de Portigliolu est l’une des plus détaillée : l’éclairage permet ici de cibler les traits du visage, mais aussi le poignard, la ceinture et les bras légèrement pliés sur les côtés.
 

DES ŒUVRES A VOIR

L’exposition, dans sa forme scénographiée et interactive, est construite autour de quelques objets phares : stèles de Balchiria, coffres de Laninca, salle des statues-menhirs, collection de Cagnano…
 
Stèles de Balchiria
Les stèles proviennent du gisement de Balchiria, identifié par Jean Alfonsi, propriétaire du site, et Marie-Ange Arrighi et étudié par Franck Leandri, Jean Guilaine et Philippe Lefranc.
La stèle décorée de Balchiria I est certainement la plus surprenante parmi les stèles corses, car elle est unique dans l’ensemble de la Méditerranée occidentale. Elle figure un curieux personnage avec une tête ronde surmontée par une coiffure à cornes en arceau, le visage portant le « bloc en T » sourcils-nez, un long cou, un torse en trapèze, un bassin discoïde, et les bras pliés en orant. Ces représentations sont proches du contexte culturel sarde Ozieri/Sub-Ozieri qui permet de prososer une datation au IVe millénaire avant notre ère. La seconde stèle de Balchiria n’est pas figurée, mais porte des traces de pigment rouge dans sa partie supérieure aménagée en rostre apical. Elle correspond à un modèle apparu sur le continent dès le Ve millénaire.
 
Coffres de Laninca
La découverte de la cavité de Laninca, le 1er mars 2015, est liée à l'exploration spéléologique des grottes de la commune de Lanu par l’association I Topi Pinnuti et le groupe de chiroptères corses. Cette découverte inattendue a entraîné la mise en œuvre par la DRAC et les spéléologues de trois campagnes de fouilles dans des conditions techniques d'interventions particulièrement complexes. L'exploration a révélé l’inhumation de sept individus décédés aux environs de 1 100 ans av. J.-C.
 
Le caractère exceptionnel du site tient en la découverte de deux coffres en bois munis d’un couvercle, qui accompagnaient les défunts. Taillés dans la masse, ces éléments sont en if, un matériau imputrescible et largement représenté dans les cosmogonies méditerranéennes où il est souvent associé aux notions de mort et d’éternité. La fonction de ces éléments, spécialement taillés pour l'occasion reste à cerner : s’agit-il de cercueils ? De boîtes contenant les effets des disparus ? De contenants pour les dépôts sépulcraux ? Aucun autre vestige mobilier n’a été découvert dans la tombe, rendant l’interprétation difficile.
 
Les bois archéologiques non gorgés d’eau se comptent en Europe sur les doigts des deux mains. Ceux datés de l’Âge du bronze sont inexistants. Il a fallu une conjonction exceptionnelle de conditions bactériologiques, thermiques et hygrométriques pour qu’ils nous parviennent dans un excellent état de conservation. Restaurés par ArcNucléart à Grenoble, où ils ont subi une stabilisation du matériaux, ils peuvent être présentés au public, mais demeurent particulièrement fragiles aux agents climatiques (température, humidité), bactériologiques ou mécaniques (toucher, manipulation).
© museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022
© museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022

Collection de Cagnanu
Objets de parure, vaisselle, armement ont été mis au jour à Cagnanu en 1901 par le Docteur Agostini et relatés pour la première fois par Ernest Chantre, conservateur au muséum d’histoire naturelle de Lyon. Associé à des ossements humains, ces objets, près de 300, sont interprétés comme les mobiliers d’accompagnement d’une trentaine de défunts.

L’échantillon exposé est représentatif de sa composition. Les objets de parures métalliques représentent l’essentiel des objets : éléments de ceintures métalliques – pièces articulées, boucles et pendeloques -, fibules, brassards, bracelets, torques, bagues, perles, boutons, etc. montre la richesse et la diversité des modèles. Une poignée de poignard est unique dans ce lot d’objets.

Ce vaste panel d’objets de typologies différentes fait référence à des mobiliers typiquement insulaires, comme la poignée de poignard anthropomorphe ou les boucles de ceintures luniformes, à des formes issues de l’Italie péninsulaire – fibules – et d’autres familières de l’iconographie européenne contemporaine.

Cette collection de référence est encore étudiée. Cette collection, toujours étudiée fait référence dans les recherches archéologiques et le patrimoine de l’Âge du fer.

Acquise anciennement par le musée lyonnais, elle intègre aujourd’hui les collections du musée des Confluences. La collection de Cagnanu est sortie des réserves pour la première fois depuis longtemps et est présentée au public pour la première fois en Corse.
Prêt Musée des Confluences © museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022
Prêt Musée des Confluences © museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022

La tombe à chambre étrusque d’Aleria-Lamaghjone et les mobiliers de la nécropole d’Aleria-Casabianda, IVe siècle avant notre ère
               
En 2018, un vaste chantier d’archéologie préventive donna lieu à la découverte d’une importante nécropole romaine proche de la ville antique d’Aleria. Particularité notable, une tombe à chambre étrusque du IVème s. av. n.è. était creusée directement dans le substrat, présentant un long couloir et quelques marches conduisant à une chambre funéraire ovoïde. Dernière demeure d’une femme, vraisemblablement de rang social élevé, elle regroupait l’ensemble des mobiliers qui devait accompagner dans l’Au-delà la défunte, allongée sur le dos, tête à l’est.

Ces mobiliers, et notamment le cortège de vaisselle d’apparat : œnochoés, kernoi, épichysis, coupes dans lesquelles avaient été déposées des offrandes alimentaires, étaient très similaires à ceux issus des fouilles conduites dans les années 1970 dans la nécropole étrusque de Casabianda, qui constituent l’essentiel des collections du musée d’Aleria.
 
Maquette © Inrap, Axel Daussy, Jérome Rouquet. Collection Musée d’Aleria © museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022.
Maquette © Inrap, Axel Daussy, Jérome Rouquet. Collection Musée d’Aleria © museu d’archiulugia di a Corsica – Hervé Sivry, 2022.

Informations pratiques





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