Le Patrimoine de Corse | Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse

« Paysage Corse-Le Scoud » - Présentation de l’acquisition d’une oeuvre du peintre Henri Matisse



Le jeudi 13 février à 14h30, dans le salon d’honneur de l’Hôtel de la Collectivité de Corse à Aiacciu, la Direction du Patrimoine a présenté une œuvre du peintre Henri Matisse (1869-1954). Cette dernière a été acquise après avis d’historiens de l’Art lors d’une vente aux enchères à l’Hôtel Drouot, le 02 décembre 2019, organisée par la maison de vente d’œuvres d’art Artcurial.

Ce tableau intitulé « Paysage Corse - Le Scoud », daté de 1898 est d’un grand intérêt artistique et symbolique pour la Corse, cette acquisition est importante car elle vient combler l’absence dans les collections publiques corses, d’œuvres de cet illustre artiste, mondialement reconnu, qui vécut une période féconde et déterminante sur notre île.

Outre la qualité intrinsèque de l’œuvre et le renom de l’auteur, l’acquisition de ce tableau représente un grand intérêt car il s’agit d’une des premières œuvres de ce maître de l’art du XXème siècle, réalisée en 1898, lors de son séjour ajaccien.

L'œuvre

Paysage Corse-Le Scoud (1898) Photo Artcurial©
Paysage Corse-Le Scoud (1898) Photo Artcurial©
Il s’agit d’une huile sur toile ayant pour dimensions : h : 38 cm x L : 46 cm.

Ce tableau a été cédé pour un montant de 180 000 euros.
Cette oeuvre datée et signée est enregistrée dans les archives Matisse sous le numéro PZ190. Ces éléments et le suivi du tableau permettent de garantir sa traçabilité et son authenticité.

Pour la réalisation de cette oeuvre, l’artiste s’est rendu sur la route des Sanguinaires, faisant une halte sur le site du Scudo, à Marinella, propriété à l’époque du grand parfumeur François Coty, avant son acquisition par le chanteur Tino Rossi.
Sa technique se rapprochant au départ de celle des impressionnistes, Matisse s’en libère en s’emparant des lieux et des couleurs, pour exprimer ses sensations.

Dans ce tableau, la mer semble être un lac plein de sérénité, invitant au voyage vers le soleil, près des Sanguinaires. Deux arbres semblant s’embrasser près du rivage et à leurs pieds, la mer paraît s’embraser, reflétant les nuages colorées par le soleil.
Enfin, avec son palmier exubérant, ce tableau, à présent propriété de la Collectivité de Corse, est une magnifique expression de la joie de peindre et de vivre d’Henri Matisse en Corse où, disait-il, « là-bas, tout brille, tout est couleur, tout est lumière ».

L’artiste en Corse

Photo Artcurial©
Photo Artcurial©
Henri Matisse est probablement avec Pablo Picasso, l’un des plus grands peintres du XXème siècle et son influence sur l’art moderne est considérable. Il est reconnu pour être le chef de file du fauvisme, courant pictural où la couleur prime sur le dessin et la réalité.
Selon l’artiste lui-même, le fauvisme devrait sa naissance à la Corse et plus spécifiquement à son expérience vécue aux îles Sanguinaires.

Cela est confirmé par l’une des plus grandes spécialistes d’Henri Matisse, Dominique Szymusiak, Conservateur en chef du musée Henri Matisse de Cateau-Cambrésis, durant plus de 30 ans. Elle affirme : « ….à Ajaccio, il peint comme il ne l’avait jamais fait jusque-là, traduisant sa passion pour la couleur, son éblouissement des lumières et des couleurs, son bonheur dans l’atmosphère de la Corse… ».

L’artiste confirmera : « c’est à Ajaccio que j’ai eu mon premier grand éblouissement. Quel virement pour moi, cette irradiation de la lumière sur la couleur. Cela a guidé tout le reste de ma vie, pour tout ce que j’ai pu peindre « EN JOIE »…. En Corse j’ai senti croître en moi, une passion de la couleur »...

Durant les cinq mois et demi passés en Corse, le jeune artiste réalisera une cinquantaine de tableaux, dont une quarantaine de toiles, le reste étant réalisé sur des panneaux sur bois, des cartons ou sur papier. Il s’agit d’un évènement dans l’histoire de l’art du XXème siècle et c’est à Aiacciu, qu’à l’âge de 29 ans Matisse découvre la Méditerranée et la lumière du Sud.
Subjugué par la lumière, les couleurs et les paysages, ce séjour marque profondément l’artiste et sa production.
Sur l’ensemble de cette production, seulement cinq musées continentaux en possèdent une. Il s’agit des musées de Reims, Troyes, Nice, Saint-Tropez et Bordeaux.

Cette acquisition, destinée au musée de la Corse, s'inscrit avec pertinence et en adéquation avec le nouveau projet scientifique et culturel de ce musée originellement fondé sur l’anthropologie et l’ethnographie qui ambitionne de réorienter son propos vers un musée de société.
 

Conditionnement de l’oeuvre sous caisson clos

Photo Patrick Mandron
Photo Patrick Mandron
Il s'agit d'une opération de conservation préventive : l’aménagement climatique.

La toile et son support sont placés à l'intérieur d'un espace étanche à l’air et à la poussière, qui va absorber et diminuer les variations de température et d'hygrométrie qui pourraient détériorer les œuvres. Celui-ci comprend un dos en polycarbonate et une face en verre feuilleté de qualité optique, antireflets et anti-UV.

Le premier intérêt est donc d'absorber et diminuer les variations brutales de température et d'hygrométrie qui peuvent survenir lorsque l'œuvre change d'environnement (passage des réserves aux espaces d'exposition, prêt ou dépôt dans un autre musée), mais également dans nos salles lors d'une très grande affluence.

Les autres dangers à prendre en compte sont les risques d'incendie ou d'inondation, mais aussi les risques liés à l'empoussièrement.
La protection faciale avec des verres anti-reflets de dernière génération, quasi invisibles et parfaitement incolores, n'empêche absolument pas l'observation de l'œuvre. La touche de l'artiste, ou encore la délicatesse des couleurs utilisées, demeurent perceptibles dans toute leur subtilité.

Télécharger le dossier de presse :

Le dossier de présentation de l'acquisition :




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