Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signori Presidenti di i gruppi pulitichi di l’Assemblea di Corsica,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di a Giuventù,
Care tutte, cari tutti,
Alors que nous nous apprêtons à clore cette mandature, et que nous aurons largement le temps de débattre plus tard sur la question institutionnelle, je souhaiterais à l’orée de cette dernière session – lancer un appel à la jeunesse.
Je dis « lancer un appel » car au-delà des mots, j’espère sincèrement que vous soyez, et nous avec vous, mobilisés face à la prolifération d’idées rétrogrades, de pensées fascisantes et de desseins funestes.
J’en appelle à vous car je place en la jeunesse beaucoup d’espoir.
J’en appelle à vous car le silence est encore trop lourd.
Quelques voix s’élèvent ici ou là mais elles sont encore trop isolées. Il faut désormais leur donner de la force et un visage : celui des Corses qui n’ont pas peur de l’autre, qui ne spéculent pas sur la haine, le rejet ou les mécontentements.
Si je m’adresse à vous c’est que je connais vos convictions et votre soif d’engagement. Vous êtes tous différents, mais animés de la même envie de vous investir, de participer à la chose publique. Poursuivez donc dans cette voie mais sachez aussi prendre part aux débats qui dérangent.
Il existe aujourd’hui en Corse un courant identitaire qui se construit sur une logique de repli, qui mobilise traditions et religion pour exclure, qui développe des théories ultraconservatrices tendant à enfermer l’individu et le groupe dans des modes de fonctionnement uniformisants.
Pourquoi existe-t-il et pourquoi est-il si visible ?
Il existe car, comme partout en Europe, il y a ici des déçus. Des déçus de la politique, notamment, des déçus des mandatures nationalistes, certainement.
Des gens en colère face aux problèmes du quotidien : cherté de la vie, accès à l’emploi, conditions de logement, égalité des chances.
Ces questions traversent la Corse, la France, et le monde.
Tous les territoires sont confrontés à des chocs et mutations économiques et sociaux sans précédents.
Dans 2 mois exactement, les Européens seront appelés à élire leurs représentants au Parlement. Ce qui s’annonce déjà comme une victoire historique de l’extrême droite, avec des scores inédits en France notamment, doit nous inquiéter.
Cela n’incarne ni le progrès, ni la liberté, ni l’espoir. Cela sent la peur, le passéisme, le repli.
En tant qu’Européenne et Européiste convaincue, j’espère vivement que vous vous intéresserez à ces élections et que vous y participerez même si les règles du jeu tendent à les faire apparaitre comme déconnectées de nos enjeux. Pourtant ce n’est pas le cas : l’Europe est dans chacune de nos actions politiques, chacune de nos décisions. Elle est pour moi nationaliste corse, et depuis toujours, une voie d’émancipation.
Ce que traduisent les premiers sondages, avec une montée en puissance des extrêmes et des eurosceptiques, c’est l’existence de ce qu’il convient de nommer la « géographie du mécontentement ». Là où les questions de la vie quotidienne et où les problèmes nombreux sont prégnants (emploi, revenu, logement, insécurité), l’extrême droite fait tombula.
De l’Europe à la Corse, il n’y a qu’un pas.
Et nous savons, ici comme ailleurs, exprimer notre mécontentement mais ne nous laissons pas tromper, ne vous laissez pas tromper !
Oui, il existe des préoccupations du quotidien.
Oui, nous pouvons en gérer certaines, même sans avancées institutionnelles.
Oui, nous avons besoin d’autonomie pour en gérer d’autres.
Oui, nous devons savoir faire notre mea culpa quand les Corses sont déçus à juste titre.
Mais, je vous en conjure, ne tombons pas dans le piège tendu : celui qui consiste à importer des problèmes et des idées nauséabondes venus d’ailleurs.
Car si notre identité est en souffrance, cela n’est pas le fait d’arrivées massives étrangères, si notre langue se transmet de moins en moins, ce n’est pas du fait des populations étrangères installées en Corse. S’il y a des problèmes d’accès à l’emploi ou de salaires bas, ce n’est pas en raison d’un péril qui viendrait d’ailleurs ! C’est faux…
Ne cédons pas aux analyses démographiques volontairement approximatives.
Pour rappel, car les faits sont têtus, en 2020, sur 7 712 arrivants en Corse, 895 étaient étrangers, dont 534 ressortissants de pays européens et 237 ressortissants du continent africain. Ces derniers représentant 12% des arrivants soit 0,68 millième de la population actuelle.
A ceux qui voudraient, par facilité, ou pour “surfer” sur une tendance globale et largement médiatisée, nous entrainer dans un discours tout-fait, opposons notre esprit critique et notre ouverture. Cette ouverture sur les autres dont notre culture et notre identité sont les témoins.
Les réponses aux problématiques du quotidien que rencontrent les Corses ne sont ni religieuses, ni identitaires. Elles sont politiques, économiques et sociales.
Ne mélangeons pas tout ! Restons lucides !
Dans les prochaines semaines et prochains mois, il nous faudra dire cela plus fort, et tous ensemble. Sans céder aux provocations et avec l’esprit tranquille de ceux qui préfèrent le projet de l’espoir à celui de la haine.
Allora chì si compie ‘ssa mandatura, vogliu spende qualchi parulla pè voi.
Ghjè statu un piacè tamantu pè me di scuntrà vi è di passà sti 2 anni incu voi.
Site stati cumpagni d’altissimu livellu è avete dimustratu una forza di travagliu e di cunvinzione chì vogliu salutà.
Avà chì si chjode ‘ssu pezzu di storia istituziunale cumune, vi vogliu rammentà chì u vostru impegnu ghjè, è sarà, fundamentale pè custruì a Corsica di dumane.
Ghjè ancu per quessa chì vi dumandu di cuntinuà à fà vive a nostra demucrazia, nantu à u terrenu è in ogni spaziu di lotta. Fate puru cresce idee sfarenti mà sempre incù rispettu di l’altru, tulleranza è speranza.
Campate vi !
À ringrazia vi !