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Agenda
​CE QUE J’APPELLE OUBLI / DENIS PODALYDÈS
Infos pratiques
le Vendredi 5 Avril 2019, 20:30 - 21:30
Centre culturel Alb'Oru - 13 Rue Saint-Exupéry
Bastia
Description
UN TEXTE DE LAURENT MAUVIGNIER
UNE PRODUCTION COMÉDIE-FRANÇAISE/STUDIO-THÉÂTRE

Distribution
Mise en espace
et interprétation :
Denis Podalydès
Avec la complicité
de Stéphanie Daniel
à la lumière


Dans un supermarché, un homme vole une canette de bière, ou plutôt la boit sur place. Quatre vigiles surviennent, le saisissent, le conduisent dans la réserve, le rouent de coups, il en meurt. C’est arrivé en 2009 à Lyon. Tout est affreusement banal, lamentable, nul. Les personnages sont des plus ordinaires. Rien dans la violence même qui ne soit horriblement convenu. C’est cela peut-être qui fait le plus mal : chaque élément de ce fait divers est neutre, le type qui boit la canette, les vigiles qui l’arrêtent, le lieu, le moment, etc., l’ingratitude généralisée, et pourtant la conjonction de ces éléments, leur dynamique – rien, absolument rien ne prédispose au meurtre – entraîne et déchaîne une barbarie assassine.
Le narrateur s’adresse au frère de la victime. Il en était assez proche. Peut-être s’agit-il d’une consolation. Au sens littéraire du terme : c’était une forme poétique autrefois, comme chez Malherbe : « Ta douleur, Du Périer, sera donc éternelle… » Laurent Mauvignier ne raconte pas, n’explique pas, n’instruit pas, il dit, tente de dire ce qui se refuse à toute compréhension, à toute saisie esthétique, philosophique, judiciaire ou politique. Une phrase unique court sur soixante pages. Elle commence en ayant déjà commencé, ne comportant pas de majuscule, ouvrant par la conjonction « et » : « et ce que le procureur a dit, c’est qu’un homme ne doit pas mourir pour si peu, » et voilà, nous sommes engagés, acteur ou spectateur, dans le mouvement de cette phrase, de cette histoire, celle d’un homme qui est mort pour si peu. Il y a dans ce texte un désir lazaréen de faire revivre, par la phrase, l’homme disparu. Je pense à Depardieu dans le film de Pialat, «Sous le soleil de Satan», soulevant à bouts de bras, dans une absolue contention, le corps d’un enfant mort. Le miracle a lieu et je me suis toujours demandé pourquoi on y croyait tant, à en pleurer. À cause de l’énergie. De la patience et de l’obstination. De l’effort désespéré, démultiplié par le désespoir lui-même. Alors que tout est dit, l’enfant inerte et sans souffle, malgré la mort et contre la mort, dans une attente et une lenteur oppressante et congestive, l’acteur retourne musculairement la violence inhumaine vers la vie, et l’enfant ouvre un oeil.
Dans l’effort d’écrire au plus près de l’insensé, à même le désastre insignifiant, page après page, mot après mot, la langue de Mauvignier, comme les bras de Depardieu, parvient, il me semble, à redonner souffle – et non pas visage ou sens –, au pauvre mort anonyme, et peut-être, à consoler son frère, ou nous-mêmes, un tant soit peu.$



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