Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse

Séance publique de l'Assemblée de Corse des 26 et 27 avril 2018 - discorsu di u Presidente di l'Assemblea di Corsica




Care culleghe, cari culleghi,

Dui ghjorni fà, aghju ricevutu duie lettere di u Primu ministru Edouard Philippe.

A prima cuntenia a redazzione sana di l’articulu trattendu di a Corsica ch’ellu prupone d’integrà u guvernu à a Custituzione francese. L’aghju trasmessu à i presidenti di gruppi di a nostra Assemblea. Malgradu u cummentu di u Primu ministru chì cerca à fà passà st’articulu per un avanzata maiò à prò di a Corsica, tuttu ognunu capiscerà à a lettura chè no simu alluntanati assai di u livellu necessariu per risponde à a vuluntà pulitica di i Corsi, manifestata da u scrutinu di dicembre scorsu, alluntanati assai di a pruposta più chì maiuritaria di a nostra assemblea, alluntanati infine di una soluzione à i bisogni cuncreti di u nostru populu in parechji duminii cum’è u fundiariu o a fiscalità di u patrimoniu, vale à dì l’anzianu arrestatu Miot.

Simu custretti di custatà chì neguziazione ùn ci n’hè micca statu, ne mancu un dialogu o una simplice discussione. Noi, avemu presentatu e nostre dumande è elli anu finitu per rende publicu u testu ch’elli avianu scrittu i so servizii parechji mesi nanzu. Fà passà per un dialogu una messa in scena in giru à un tavulinu – ch’ellu sia corsu o pariginu – ci pare assumilià si à una scruccuneria intellettuale. Per contu nostru, malgradu i nostri dubbiti è ancu i nostri suspetti, avemu cuntinuatu à cercà à cunvince per ùn piglià u risicu di fà mancà à a Corsica un uccasione d’avanzà.

Avà ch’avemu a prova di a gattiva fede di i nostri interlocutori, ùn pudemu cuntinuà cum’è s’è nunda fussi, chì serebbe non solu perde u nostru tempu ma dinù accittà chì l’istituzione di a Corsica sianu inghjuliate. Hè per quessa chì, per contu meiu, aghju ricusatu, duie volte digià, di riceve ministri parigini in visita in Corsica.

Cum’è presidente di issa Assemblea, vi duvia issa spiecazione. Di sicuru, ùn hè mancu à pena una pustura è a mio attitudine cambierebbe à parte si di u mumentu chì guaranzie serebbenu date di un travagliu seriu è onestu incù u guvernu nantu à un sugettu. Per avà, onestità ùn ci n’hè da a parte di Parigi.

A seconda lettera di u Primu ministru risponde à quella chì li aghju mandatu nantu à u cumpurtamentu chì serebbe statu quellu di u Direttore di l’impositi in Corsica, secondu l’inseme di i sindicati. U Primu ministru piglia a difesa di u Direttore è face prevale a versione di quessu custì nantu à quella di tutti i sindicalisti corsi. In conclusione, ùn si serebbe passatu nunda. « Circulez, il n’y a rien à voir ! » cum’ellu si dice quandu l’affari sò in francese.

Sta seconda lettera ch’aghju ricevutu nanz’eri di u Primu ministru, l’aghju tramessa dinù à i gruppi di l’Assemblea. Tratta di un sugettu sfarente di a prima ma mi pare esce di listessu statu di spiritu, di listessu disprezzu.

Qualchì ora fà, in America, u Presidente Macron hà citatu un libru famosu di Alexis de Tocqueville : « Di a dimucrazia in America ». Per contu soiu, Valéry Giscard d’Estaing n’avia scrittu unu altru chjamatu « Démocratie française ». I Corsi – ancu per ùn avè lettu issu libru- cummencianu à cunnosce la bè sta demucrazia francese : quella chì ricuseghja di crede i sindicalisti quand’elli sò corsi. Quella chì ùn tene nisun’contu di u parè di 57% di i Corsi chì anu vutatu secondu e regule eletturale fissate da u parlamentu francese è sottu à u cuntrolu di u prefettu mandatu da Parigi.

Quessa a demucrazia, ci vole à dì la, ùn s’appieca micca à i Corsi.
À ringrazià vi.

Chers collègues,

Il y a deux jours, j’ai reçu deux courriers du Premier ministre Edouard Philippe.

Le premier contenait l’intégralité de l’article relatif à la Corse que le gouvernement propose d’intégrer à la Constitution française. Je l’ai transmis aux présidents des groupes de notre Assemblée. Malgré le commentaire du Premier ministre, qui vise à présenter cet article comme une avancée majeure pour la Corse, chacun comprendra à sa lecture que nous sommes très loin du niveau nécessaire pour répondre à la volonté politique des Corses, exprimée en décembre dernier, très loin de la proposition plus que majoritaire de notre Assemblée, très loin enfin d’une solution aux problèmes concrets de notre peuple dans plusieurs domaines comme celui du foncier ou de la fiscalité du patrimoine, c’est-à-dire de l’ancien arrêté Miot.

Nous sommes contraints de constater qu’il n’y a pas eu de négociation, pas même un dialogue ou une simple discussion. Nous avons présenté nos demandes et ils ont finalement publié un texte rédigé par les services il y a plusieurs mois. Présenter comme un dialogue ce qui n’était qu’une mise en scène autour d’une table, corse ou parisienne, nous paraît relever de la malhonnêteté intellectuelle. Pour notre part, malgré nos doutes et même nos suspicions, nous avons continué à chercher à convaincre afin de ne pas faire courir à la Corse le risque de manquer une occasion d’avancer.

Maintenant que la mauvaise foi de nos interlocuteurs est avérée, nous ne pouvons continuer comme si rien n’était parce que ce serait non seulement perdre notre temps mais aussi accepter que les institutions de la Corse soient insultées. C’est la raison pour laquelle, pour ma part, j’ai refusé, à deux reprises maintenant, de recevoir les ministres parisiens en visite en Corse.

En tant que Président de cette Assemblée, je vous devais ces explications. Bien entendu, il ne s’agit pas là d’une posture et mon attitude pourrait changer dès lors que nous aurions la garantie d’un travail sérieux et honnête avec le gouvernement sur un sujet. Pour l’heure, Paris n’a pas donné de signe d’honnêteté.

Le second courrier du Premier ministre fait suite à celui que je lui avais envoyé concernant le comportement qu’aurait eu le Directeur des Finances publiques en Corse, selon l’ensemble des syndicats. Le Premier ministre défend le Directeur et fait prévaloir la version de ce dernier sur celle de tous les syndicalistes corses. En conclusion, il ne serait rien passé. « Circulez, il n’y a rien à voir ! » comme on dit lorsque les situations se compliquent.

J’ai transmis également ce second courrier aux groupes de l’Assemblée. Elle concerne un sujet différent mais me semble relever du même état d’esprit, du même mépris.

Il y a quelques heures, aux Etats-Unis, le Président Macron a cité le célèbre ouvrage d’Alexis de Tocqueville : De la démocratie en Amérique. Valéry Giscard d’Estaing, lui, en avait écrit un intitulé Démocratie française. Les Corses – même ceux qui n’ont pas lu ce livre - commencent à bien connaître cette démocratie française, celle qui refuse de croire les syndicalistes quand ils sont Corses. Celle qui ne tient pas compte du point de vue de 57% des Corses qui ont voté selon les règles électorales fixées par le Parlement français et sous le contrôle du Préfet envoyé par Paris.

Celle-là, la démocratie, il faut le dire, ne s’applique pas aux Corses. Je vous remercie.


Séance publique de l'Assemblée de Corse des 26 et 27 avril 2018 - discorsu di u Presidente di l'Assemblea di Corsica
Chers collègues,

Il y a deux jours, j’ai reçu deux courriers du Premier ministre Edouard Philippe.

Le premier contenait l’intégralité de l’article relatif à la Corse que le gouvernement propose d’intégrer à la Constitution française. Je l’ai transmis aux présidents des groupes de notre Assemblée. Malgré le commentaire du Premier ministre, qui vise à présenter cet article comme une avancée majeure pour la Corse, chacun comprendra à sa lecture que nous sommes très loin du niveau nécessaire pour répondre à la volonté politique des Corses, exprimée en décembre dernier, très loin de la proposition plus que majoritaire de notre Assemblée, très loin enfin d’une solution aux problèmes concrets de notre peuple dans plusieurs domaines comme celui du foncier ou de la fiscalité du patrimoine, c’est-à-dire de l’ancien arrêté Miot.

Nous sommes contraints de constater qu’il n’y a pas eu de négociation, pas même un dialogue ou une simple discussion. Nous avons présenté nos demandes et ils ont finalement publié un texte rédigé par les services il y a plusieurs mois. Présenter comme un dialogue ce qui n’était qu’une mise en scène autour d’une table, corse ou parisienne, nous paraît relever de la malhonnêteté intellectuelle. Pour notre part, malgré nos doutes et même nos suspicions, nous avons continué à chercher à convaincre afin de ne pas faire courir à la Corse le risque de manquer une occasion d’avancer.

Maintenant que la mauvaise foi de nos interlocuteurs est avérée, nous ne pouvons continuer comme si rien n’était parce que ce serait non seulement perdre notre temps mais aussi accepter que les institutions de la Corse soient insultées. C’est la raison pour laquelle, pour ma part, j’ai refusé, à deux reprises maintenant, de recevoir les ministres parisiens en visite en Corse.

En tant que Président de cette Assemblée, je vous devais ces explications. Bien entendu, il ne s’agit pas là d’une posture et mon attitude pourrait changer dès lors que nous aurions la garantie d’un travail sérieux et honnête avec le gouvernement sur un sujet. Pour l’heure, Paris n’a pas donné de signe d’honnêteté.

Le second courrier du Premier ministre fait suite à celui que je lui avais envoyé concernant le comportement qu’aurait eu le Directeur des Finances publiques en Corse, selon l’ensemble des syndicats. Le Premier ministre défend le Directeur et fait prévaloir la version de ce dernier sur celle de tous les syndicalistes corses. En conclusion, il ne serait rien passé. « Circulez, il n’y a rien à voir ! » comme on dit lorsque les situations se compliquent.

J’ai transmis également ce second courrier aux groupes de l’Assemblée. Elle concerne un sujet différent mais me semble relever du même état d’esprit, du même mépris.

Il y a quelques heures, aux Etats-Unis, le Président Macron a cité le célèbre ouvrage d’Alexis de Tocqueville : De la démocratie en Amérique. Valéry Giscard d’Estaing, lui, en avait écrit un intitulé Démocratie française. Les Corses – même ceux qui n’ont pas lu ce livre - commencent à bien connaître cette démocratie française, celle qui refuse de croire les syndicalistes quand ils sont Corses. Celle qui ne tient pas compte du point de vue de 57% des Corses qui ont voté selon les règles électorales fixées par le Parlement français et sous le contrôle du Préfet envoyé par Paris.

Celle-là, la démocratie, il faut le dire, ne s’applique pas aux Corses. Je vous remercie.
Care culleghe, cari culleghi,

Dui ghjorni fà, aghju ricevutu duie lettere di u Primu ministru Edouard Philippe.

A prima cuntenia a redazzione sana di l’articulu trattendu di a Corsica ch’ellu prupone d’integrà u guvernu à a Custituzione francese. L’aghju trasmessu à i presidenti di gruppi di a nostra Assemblea. Malgradu u cummentu di u Primu ministru chì cerca à fà passà st’articulu per un avanzata maiò à prò di a Corsica, tuttu ognunu capiscerà à a lettura chè no simu alluntanati assai di u livellu necessariu per risponde à a vuluntà pulitica di i Corsi, manifestata da u scrutinu di dicembre scorsu, alluntanati assai di a pruposta più chì maiuritaria di a nostra assemblea, alluntanati infine di una soluzione à i bisogni cuncreti di u nostru populu in parechji duminii cum’è u fundiariu o a fiscalità di u patrimoniu, vale à dì l’anzianu arrestatu Miot.

Simu custretti di custatà chì neguziazione ùn ci n’hè micca statu, ne mancu un dialogu o una simplice discussione. Noi, avemu presentatu e nostre dumande è elli anu finitu per rende publicu u testu ch’elli avianu scrittu i so servizii parechji mesi nanzu. Fà passà per un dialogu una messa in scena in giru à un tavulinu – ch’ellu sia corsu o pariginu – ci pare assumilià si à una scruccuneria intellettuale. Per contu nostru, malgradu i nostri dubbiti è ancu i nostri suspetti, avemu cuntinuatu à cercà à cunvince per ùn piglià u risicu di fà mancà à a Corsica un uccasione d’avanzà.

Avà ch’avemu a prova di a gattiva fede di i nostri interlocutori, ùn pudemu cuntinuà cum’è s’è nunda fussi, chì serebbe non solu perde u nostru tempu ma dinù accittà chì l’istituzione di a Corsica sianu inghjuliate. Hè per quessa chì, per contu meiu, aghju ricusatu, duie volte digià, di riceve ministri parigini in visita in Corsica.

Cum’è presidente di issa Assemblea, vi duvia issa spiecazione. Di sicuru, ùn hè mancu à pena una pustura è a mio attitudine cambierebbe à parte si di u mumentu chì guaranzie serebbenu date di un travagliu seriu è onestu incù u guvernu nantu à un sugettu. Per avà, onestità ùn ci n’hè da a parte di Parigi.

A seconda lettera di u Primu ministru risponde à quella chì li aghju mandatu nantu à u cumpurtamentu chì serebbe statu quellu di u Direttore di l’impositi in Corsica, secondu l’inseme di i sindicati. U Primu ministru piglia a difesa di u Direttore è face prevale a versione di quessu custì nantu à quella di tutti i sindicalisti corsi. In conclusione, ùn si serebbe passatu nunda. « Circulez, il n’y a rien à voir ! » cum’ellu si dice quandu l’affari sò in francese.

Sta seconda lettera ch’aghju ricevutu nanz’eri di u Primu ministru, l’aghju tramessa dinù à i gruppi di l’Assemblea. Tratta di un sugettu sfarente di a prima ma mi pare esce di listessu statu di spiritu, di listessu disprezzu.

Qualchì ora fà, in America, u Presidente Macron hà citatu un libru famosu di Alexis de Tocqueville : « Di a dimucrazia in America ». Per contu soiu, Valéry Giscard d’Estaing n’avia scrittu unu altru chjamatu « Démocratie française ». I Corsi – ancu per ùn avè lettu issu libru- cummencianu à cunnosce la bè sta demucrazia francese : quella chì ricuseghja di crede i sindicalisti quand’elli sò corsi. Quella chì ùn tene nisun’contu di u parè di 57% di i Corsi chì anu vutatu secondu e regule eletturale fissate da u parlamentu francese è sottu à u cuntrolu di u prefettu mandatu da Parigi.

Quessa a demucrazia, ci vole à dì la, ùn s’appieca micca à i Corsi.
À ringrazià vi.