O Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Cari cunsiglieri esecutivi,
Cari cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care è cari tutti,
Dui sugetti mi anu messa in zerga sta settimana è ùn mi possu stà zitta !
Cette session intervient 48h après la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. Et je souhaiterais dès le début de cette séance apporter mon soutien total et entier à celles qui ont souffert et qui souffrent de pressions et de violences qu’elles soient physiques, psychiques ou ne fût-ce que verbales.
La Corse n’est pas épargnée. Et la mobilisation de tous les acteurs de la protection des victimes, de leurs enfants, la mobilisation citoyenne comme la réflexion portée par des jeunes, si elles rassurent, ne doivent pas nous faire perdre de vue l’intensité de la problématique et la souffrance de celles qui en sont la cible.
Une femme frappée, humiliée, terrorisée est une femme fracassée, meurtrie à vie quand elle n’en meure pas.
Aucune tolérance, aucune complaisance ne doit passer. « Ne rien laisser passer ! » plaidait Gisèle Halimi. Pas même les insultes !
Une exposition sera présentée tout à l’heure à l’initiative du Centre d’information sur les droits des femmes et je remercie la Conseillère Lauda Guidicelli pour son implication sur le sujet.
Autre sujet de révolte cette semaine. Les messages immondes qui ont déferlé sur les réseaux sociaux à la suite de la publication d’un article dans Corse matin relatif à l’expérience d’adoption d’enfants par des parents corses. Je dis expérience mais je devrais parler d’histoire d’amour et d’engagement car c’est de cela dont il s’agit. D’abord, je veux assurer de mon soutien total les familles visées et, au-delà, toutes celles et tous ceux qui ont fait ce choix magnifique, courageux d’adopter un ou des enfants, choix qui impose le respect.
Alors là encore, zéro tolérance pour les dérives abjectes sur les réseaux sociaux. Ùn si pò lascia fà è lasciata dì parullace simule.
À vi dicu cari cunsiglieru, a nostra sucetà và male è noi avemu una responsabilità inde st’andadura. Inde i mesi ch’anu d’à vene, u dibattitu puliticu hà da esse impuzziguitu da e rete suciale. Dicu attenti è noi adduttemu una manera di fà, pulita è rispittosa di e persone è di l’idee, una manera di parlà è di scrive per dà l’esempiu.
In tutticasi per contu megliu ùn lasceraghju micca passà !
Allora altru sugettu, menu estrosu è cusì saraghju menu azeza. U Mediterraniu.
Le processus de Barcelone a été institué il y a 30 ans. C’était en 1995. Certains ici n’étaient pas nés. Certains d’entre nous étaient étudiants, d’autres déjà en responsabilité, et il faut dire que globalement les Corses, dont les élus de cette assemblée dans leur diversité partisane, avaient été plutôt séduits par l’idée d’une coopération interrégionale transméditerranéenne, par le projet de grandes autoroutes de la mer, par le développement des échanges culturels, économiques et scientifiques qui devaient nous permettre a minima d’accroître la visibilité et le désenclavement de notre île et, au mieux, de lui donner une place stratégique au sein du Mare nostrum.
Et, les uns et les autres, combien de fois avons-nous dit, écrit et répété que « nous étions au coeur de la Méditerranée » et que « nous avions un rôle clé à jouer », tantôt en Méditerranée occidentale, tantôt dans l’Arc latin, toujours dans les relations Nord Sud.
Mais cela ne s’est pas tout à fait passé comme espéré. Et avec le recul, la responsabilité n’incombe pas totalement aux élus et acteurs alors en responsabilité sur l’île.
Certains d’entre eux ont été très engagés sur le front du développement de partenariats notamment avec l’Italie qu’il s’agisse de la CDC, des chambres consulaires ou du Parc naturel. L’Université s’est tournée vers plusieurs autres universités méditerranéennes et des formations communes comme des accords de recherche ont vu le jour. Une chaire méditerranéenne a même été créée par le Professeur Jacques Orsoni et développée à la suite par la professeure Françoise Graziani. L’expression artistique ou médiatique a aussi étendu son champ de création et de diffusion au-delà de nos rivages pour embrasser d’autres cultures.
Je pense à Mediterradiu et Kantara de Petru Mari, à Mediterraneo de Sampiero Sanguinetti. Au sport aussi, avec les tournois inter-insulaires.
Reste que la consolidation de réseaux transméditerranéens pérennes n’a pas eu lieu. Rien qui nous autoriserait à dire aujourd’hui que nous sommes un acteur méditerranéen de premier rang alors même que là, comme dans d’autres domaines, nous avions une véritable vision, à la fois juste et je pense légitime.
Et c’est probablement sur le plan des transports que le bât a blessé et blesse toujours pour deux raisons principales. Les fameuses « autoroutes de la mer » promues par l’Union européenne sont en effet passées au large de la Corse. Et sans système de transport orienté vers d’autres destinations méditerranéennes, Nord-Sud comme Est-Ouest, il est impossible de consolider des partenariats au cours du temps. La leçon à en tirer est simple : pas de transport sans partenariat ; pas de partenariat sans transport.
J’ai compris aussi avec le temps, qu’en fait notre volonté de nous ouvrir, de coopérer et de construire au-dessus de la mer, et malgré la mer, buttait d’abord sur la nature même du processus de Barcelone dans un contexte où les yeux européens étaient rivés vers l’élargissement au Nord puis à l’Est de l’Europe.
Le Processus de Barcelone a été, dès l’origine, une construction essentiellement diplomatique. Une architecture pensée entre États, négociée entre ministres, structurée autour de grands équilibres géopolitiques. Il a porté une ambition réelle pour la Méditerranée. Mais il est resté, pour l’essentiel, un projet d’États. Les citoyens, les sociétés civiles, les femmes et les hommes de la Méditerranée y ont trop rarement été associés. Comme si l’on pouvait construire un espace commun sans partir de celles et ceux qui le vivent. Union diplomatique donc mais pas des peuples.
En particulier, les autorités régionales et locales méditerranéennes ont toujours été tenues à l’écart des grandes ou des petites décisions concernant le devenir de l’espace méditerranéen.
Alors que Barcelone fête cette semaine précisément au moment où je vous parle, les 30 ans du processus qui en porte le nom, l’idée méditerranéenne revient sur le devant de la scène avec une proposition de la Commission européenne de Pacte pour la Méditerranée présenté au mois d’Octobre par la Commissaire Suica.
Nous pourrions y voir un réflexe intellectuel, déjà identifié par Audisio, Camus ou encore Paul Valéry dans les années 1930. Lorsque l’Europe se renforce, le regard des observateurs et des décideurs politiques se détournent de la Méditerranée. À contrario lorsque l’Europe s’affaiblit, la Méditerranée devient l’objet de toutes les attentions.
Je veux croire que le projet de Pacte pour la Méditerranée ira au-delà de cet effet de balancier géopolitique.
Car il y a urgence, tout autant qu’intérêt, à focaliser l’attention sur la région Méditerranéenne.
Comme nous l’ont rappelé les conférenciers du Plan bleu (ONU) le 12 novembre venus dans la cadre de Corsica Pruspettiva 2050, les défis auxquels sera confrontée la zone méditerranéenne sont immenses et les processus déjà envisagés par le Plan bleu en 1989 et en 2005 s’accélèrent.
Le réchauffement climatique attendu va réduire la biodiversité exceptionnelle de cette mer que nous avons en commun. Les ressources halieutiques comme la végétation seront affectées par l’élévation des températures de l’eau.
Imaginez par ailleurs que cette mer qui ne représente que 1% de la surface des mers et océans concentre à elle-seule 25 % du commerce maritime mondial ! Les pollutions marines y sont donc déjà intenses et les risques majeurs. Sans compter les microplastiques contre lesquels luttent déjà plusieurs régions côtières.
La pression foncière va aussi s’accroître liée à un taux d’urbanisation de plus de 70% et une concentration littorale de plus de 50%. La demande en eau potable va s’accroître alors même que la ressource va se tarir. Et le stress hydrique concernera 290 Mns de personnes.
Face à ces urgences le Pacte pour la Méditerranée a pour ambition de transformer la Méditerranée en “Espace méditerranéen commun”, avec trois objectifs principaux : Le développement humain, la formation et la jeunesse Des économies plus intégrées et plus durables La sécurité humaine et environnementale Conformément aux principes de gouvernance multi-niveau et de subsidiarité, l’Assemblée Régionale et Locale Euro-Méditerranéenne (ARLEM) composée d’élus territoriaux des pays de l’UE mais aussi de pays méditerranéens hors UE a été saisie à Palerme le 8 novembre dernier pour donner son avis sur le Pacte et faire de proportions concrètes.
On notera qu’il aura fallu attendre 3 décennies après le processus de Barcelone, pour que les Collectivités locales et régionales soient impliquées pour contribuer - dans une logique partant des territoires méditerranéens et dans leur diversité - à la production d’une politique européenne méditerranéenne et invitées à contribuer à une diplomatie de la proximité.
Il était temps ! Car nous, élus des territoires méditerranéens, avons la connaissance du terrain, partageons souvent les mêmes problématiques (eau, incendies, tourisme, formation des jeunes, la pression foncière et immobilière…), et sommes en 1ère ligne face aux catastrophes, aux aléas et aux conflits d’usage.
Même si à mon humble avis, les Commissaires européens sont plus préoccupés par les problématiques de sécurité et de défense que par le souci de faire revivre ce que Paul Valery qualifiait « l’esprit méditerranéen », une nouvelle opportunité de dialogue et d’action conjointe s’ouvre donc dans un contexte géopolitique à la fois en tensions et en recompositions.
Et cette seconde occasion en 30 ans, nous ne devons pas, nous méditerranéens, nous insulaires, nous européens, la laisser passer. Nous n’avons plus le choix.
C’est dans ce contexte que l’ARLEM m’a désignée comme rapporteure sur la proposition de Pacte et j’aurai donc à coeur dans les 9 prochains mois de faire des propositions d’actions opérationnelles sur les domaines précités en collaboration avec un maire jordanien Monsieur Abu Obeid.
Cette dynamique nouvelle de la coopération transméditerranéenne a été confirmée dans la déclaration finale du Sommet de la Méditerranée organisée par la Generalitat de Catalogne le 22 novembre que le Président du Conseil exécutif et moi-même avons amendées et adoptées aux cotés de nos amis de l’Arc latin.
J’espère et je souhaite que nous puissions Assemblée, Exécutif, notamment la CAERIM, travailler ensemble à ce projet.
Pour conclure je rappellerai que durant des siècles, la configuration géographique de mer fermée a permis que des peuples fort dissemblables puissent en quelques heures de navigation être en contact, échangent sur les plans commerciaux, économiques, culturels, linguistiques, échangent aussi des connaissances, des techniques et des méthodes et des traditions.
Je ne vois pourquoi cela serait impossible au XXIème siècle, si nous le voulons tout autant intensément et que collectivement.
Et réussir de manière unique, ce que Paul Valery qualifiait « l’accord des contraires » propre à la Méditerranée.
À ringrazià vi !
Cari cunsiglieri esecutivi,
Cari cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care è cari tutti,
Dui sugetti mi anu messa in zerga sta settimana è ùn mi possu stà zitta !
Cette session intervient 48h après la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. Et je souhaiterais dès le début de cette séance apporter mon soutien total et entier à celles qui ont souffert et qui souffrent de pressions et de violences qu’elles soient physiques, psychiques ou ne fût-ce que verbales.
La Corse n’est pas épargnée. Et la mobilisation de tous les acteurs de la protection des victimes, de leurs enfants, la mobilisation citoyenne comme la réflexion portée par des jeunes, si elles rassurent, ne doivent pas nous faire perdre de vue l’intensité de la problématique et la souffrance de celles qui en sont la cible.
Une femme frappée, humiliée, terrorisée est une femme fracassée, meurtrie à vie quand elle n’en meure pas.
Aucune tolérance, aucune complaisance ne doit passer. « Ne rien laisser passer ! » plaidait Gisèle Halimi. Pas même les insultes !
Une exposition sera présentée tout à l’heure à l’initiative du Centre d’information sur les droits des femmes et je remercie la Conseillère Lauda Guidicelli pour son implication sur le sujet.
Autre sujet de révolte cette semaine. Les messages immondes qui ont déferlé sur les réseaux sociaux à la suite de la publication d’un article dans Corse matin relatif à l’expérience d’adoption d’enfants par des parents corses. Je dis expérience mais je devrais parler d’histoire d’amour et d’engagement car c’est de cela dont il s’agit. D’abord, je veux assurer de mon soutien total les familles visées et, au-delà, toutes celles et tous ceux qui ont fait ce choix magnifique, courageux d’adopter un ou des enfants, choix qui impose le respect.
Alors là encore, zéro tolérance pour les dérives abjectes sur les réseaux sociaux. Ùn si pò lascia fà è lasciata dì parullace simule.
À vi dicu cari cunsiglieru, a nostra sucetà và male è noi avemu una responsabilità inde st’andadura. Inde i mesi ch’anu d’à vene, u dibattitu puliticu hà da esse impuzziguitu da e rete suciale. Dicu attenti è noi adduttemu una manera di fà, pulita è rispittosa di e persone è di l’idee, una manera di parlà è di scrive per dà l’esempiu.
In tutticasi per contu megliu ùn lasceraghju micca passà !
Allora altru sugettu, menu estrosu è cusì saraghju menu azeza. U Mediterraniu.
Le processus de Barcelone a été institué il y a 30 ans. C’était en 1995. Certains ici n’étaient pas nés. Certains d’entre nous étaient étudiants, d’autres déjà en responsabilité, et il faut dire que globalement les Corses, dont les élus de cette assemblée dans leur diversité partisane, avaient été plutôt séduits par l’idée d’une coopération interrégionale transméditerranéenne, par le projet de grandes autoroutes de la mer, par le développement des échanges culturels, économiques et scientifiques qui devaient nous permettre a minima d’accroître la visibilité et le désenclavement de notre île et, au mieux, de lui donner une place stratégique au sein du Mare nostrum.
Et, les uns et les autres, combien de fois avons-nous dit, écrit et répété que « nous étions au coeur de la Méditerranée » et que « nous avions un rôle clé à jouer », tantôt en Méditerranée occidentale, tantôt dans l’Arc latin, toujours dans les relations Nord Sud.
Mais cela ne s’est pas tout à fait passé comme espéré. Et avec le recul, la responsabilité n’incombe pas totalement aux élus et acteurs alors en responsabilité sur l’île.
Certains d’entre eux ont été très engagés sur le front du développement de partenariats notamment avec l’Italie qu’il s’agisse de la CDC, des chambres consulaires ou du Parc naturel. L’Université s’est tournée vers plusieurs autres universités méditerranéennes et des formations communes comme des accords de recherche ont vu le jour. Une chaire méditerranéenne a même été créée par le Professeur Jacques Orsoni et développée à la suite par la professeure Françoise Graziani. L’expression artistique ou médiatique a aussi étendu son champ de création et de diffusion au-delà de nos rivages pour embrasser d’autres cultures.
Je pense à Mediterradiu et Kantara de Petru Mari, à Mediterraneo de Sampiero Sanguinetti. Au sport aussi, avec les tournois inter-insulaires.
Reste que la consolidation de réseaux transméditerranéens pérennes n’a pas eu lieu. Rien qui nous autoriserait à dire aujourd’hui que nous sommes un acteur méditerranéen de premier rang alors même que là, comme dans d’autres domaines, nous avions une véritable vision, à la fois juste et je pense légitime.
Et c’est probablement sur le plan des transports que le bât a blessé et blesse toujours pour deux raisons principales. Les fameuses « autoroutes de la mer » promues par l’Union européenne sont en effet passées au large de la Corse. Et sans système de transport orienté vers d’autres destinations méditerranéennes, Nord-Sud comme Est-Ouest, il est impossible de consolider des partenariats au cours du temps. La leçon à en tirer est simple : pas de transport sans partenariat ; pas de partenariat sans transport.
J’ai compris aussi avec le temps, qu’en fait notre volonté de nous ouvrir, de coopérer et de construire au-dessus de la mer, et malgré la mer, buttait d’abord sur la nature même du processus de Barcelone dans un contexte où les yeux européens étaient rivés vers l’élargissement au Nord puis à l’Est de l’Europe.
Le Processus de Barcelone a été, dès l’origine, une construction essentiellement diplomatique. Une architecture pensée entre États, négociée entre ministres, structurée autour de grands équilibres géopolitiques. Il a porté une ambition réelle pour la Méditerranée. Mais il est resté, pour l’essentiel, un projet d’États. Les citoyens, les sociétés civiles, les femmes et les hommes de la Méditerranée y ont trop rarement été associés. Comme si l’on pouvait construire un espace commun sans partir de celles et ceux qui le vivent. Union diplomatique donc mais pas des peuples.
En particulier, les autorités régionales et locales méditerranéennes ont toujours été tenues à l’écart des grandes ou des petites décisions concernant le devenir de l’espace méditerranéen.
Alors que Barcelone fête cette semaine précisément au moment où je vous parle, les 30 ans du processus qui en porte le nom, l’idée méditerranéenne revient sur le devant de la scène avec une proposition de la Commission européenne de Pacte pour la Méditerranée présenté au mois d’Octobre par la Commissaire Suica.
Nous pourrions y voir un réflexe intellectuel, déjà identifié par Audisio, Camus ou encore Paul Valéry dans les années 1930. Lorsque l’Europe se renforce, le regard des observateurs et des décideurs politiques se détournent de la Méditerranée. À contrario lorsque l’Europe s’affaiblit, la Méditerranée devient l’objet de toutes les attentions.
Je veux croire que le projet de Pacte pour la Méditerranée ira au-delà de cet effet de balancier géopolitique.
Car il y a urgence, tout autant qu’intérêt, à focaliser l’attention sur la région Méditerranéenne.
Comme nous l’ont rappelé les conférenciers du Plan bleu (ONU) le 12 novembre venus dans la cadre de Corsica Pruspettiva 2050, les défis auxquels sera confrontée la zone méditerranéenne sont immenses et les processus déjà envisagés par le Plan bleu en 1989 et en 2005 s’accélèrent.
Le réchauffement climatique attendu va réduire la biodiversité exceptionnelle de cette mer que nous avons en commun. Les ressources halieutiques comme la végétation seront affectées par l’élévation des températures de l’eau.
Imaginez par ailleurs que cette mer qui ne représente que 1% de la surface des mers et océans concentre à elle-seule 25 % du commerce maritime mondial ! Les pollutions marines y sont donc déjà intenses et les risques majeurs. Sans compter les microplastiques contre lesquels luttent déjà plusieurs régions côtières.
La pression foncière va aussi s’accroître liée à un taux d’urbanisation de plus de 70% et une concentration littorale de plus de 50%. La demande en eau potable va s’accroître alors même que la ressource va se tarir. Et le stress hydrique concernera 290 Mns de personnes.
Face à ces urgences le Pacte pour la Méditerranée a pour ambition de transformer la Méditerranée en “Espace méditerranéen commun”, avec trois objectifs principaux : Le développement humain, la formation et la jeunesse Des économies plus intégrées et plus durables La sécurité humaine et environnementale Conformément aux principes de gouvernance multi-niveau et de subsidiarité, l’Assemblée Régionale et Locale Euro-Méditerranéenne (ARLEM) composée d’élus territoriaux des pays de l’UE mais aussi de pays méditerranéens hors UE a été saisie à Palerme le 8 novembre dernier pour donner son avis sur le Pacte et faire de proportions concrètes.
On notera qu’il aura fallu attendre 3 décennies après le processus de Barcelone, pour que les Collectivités locales et régionales soient impliquées pour contribuer - dans une logique partant des territoires méditerranéens et dans leur diversité - à la production d’une politique européenne méditerranéenne et invitées à contribuer à une diplomatie de la proximité.
Il était temps ! Car nous, élus des territoires méditerranéens, avons la connaissance du terrain, partageons souvent les mêmes problématiques (eau, incendies, tourisme, formation des jeunes, la pression foncière et immobilière…), et sommes en 1ère ligne face aux catastrophes, aux aléas et aux conflits d’usage.
Même si à mon humble avis, les Commissaires européens sont plus préoccupés par les problématiques de sécurité et de défense que par le souci de faire revivre ce que Paul Valery qualifiait « l’esprit méditerranéen », une nouvelle opportunité de dialogue et d’action conjointe s’ouvre donc dans un contexte géopolitique à la fois en tensions et en recompositions.
Et cette seconde occasion en 30 ans, nous ne devons pas, nous méditerranéens, nous insulaires, nous européens, la laisser passer. Nous n’avons plus le choix.
C’est dans ce contexte que l’ARLEM m’a désignée comme rapporteure sur la proposition de Pacte et j’aurai donc à coeur dans les 9 prochains mois de faire des propositions d’actions opérationnelles sur les domaines précités en collaboration avec un maire jordanien Monsieur Abu Obeid.
Cette dynamique nouvelle de la coopération transméditerranéenne a été confirmée dans la déclaration finale du Sommet de la Méditerranée organisée par la Generalitat de Catalogne le 22 novembre que le Président du Conseil exécutif et moi-même avons amendées et adoptées aux cotés de nos amis de l’Arc latin.
J’espère et je souhaite que nous puissions Assemblée, Exécutif, notamment la CAERIM, travailler ensemble à ce projet.
Pour conclure je rappellerai que durant des siècles, la configuration géographique de mer fermée a permis que des peuples fort dissemblables puissent en quelques heures de navigation être en contact, échangent sur les plans commerciaux, économiques, culturels, linguistiques, échangent aussi des connaissances, des techniques et des méthodes et des traditions.
Je ne vois pourquoi cela serait impossible au XXIème siècle, si nous le voulons tout autant intensément et que collectivement.
Et réussir de manière unique, ce que Paul Valery qualifiait « l’accord des contraires » propre à la Méditerranée.
À ringrazià vi !
* Seul le prononcé fait foi