Assemblea di Corsica
Facebook
Twitter
Instagram
YouTube

Assemblea di Corsica


Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di ghjugnu di i 29 è 30 di u 2023


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé au cours de la session extraordianaire du 29 juin 2023




Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Care tutte, cari tutti,
 
In stu principiu di sessione, vi pregu di permette mi d’avè una pensata cumossa per u prete Valery chì si n’hè andatu à l’eternu a settimana scorsa. Una pensata dinò à a so famiglia è si soi. A a so mamma di sicuru, u so cuginu carnale Nurbè PANCRAZI u secretariu generale di l’esecutivu. A l’inseme di a cummunità rigiligiosa catolica isulana dinò à quale hà da mancà tantu. Simu tristi. Ùn hè micca tuttu i ghjorni chì u prete ghjè urdinatu. Ne mancu tutti i ghjorni ch’ ellu parte cusì in furia.
 L’Abbé Valery era un omu di bè, assai impegnatu in e parocchie u so ricordu firmerà.
 
Nous commençons notre session dans un contexte délétère qui perdure depuis plusieurs semaines. En fin de nuit un incendie s’est déclaré à la mairie annexe de Pietrosella, des tags ont été découvert sur la façade du bâtiment. J’adresse mon soutien au Maire Jean-Baptiste LUCCIONI et à son équipe. En début de semaine ont eu lieu des arrestations de militants nationalistes parmi lesquels un mineur et des membres de l’exécutif de Corsica Libera. Permettez-moi de regretter ces arrestations alors même que nous essayons d’œuvrer collectivement pour une issue politique dans l’intérêt de tous, de la Corse et des Corses. Nous partageons cette étrange sensation de déjà-vu, qui doit nous inciter collectivement à travailler aux conditions réelles d’un apaisement ce que nous n’arrêterons pas de réclamer.
Comme vous le savez, l’Assemblée de Corse se réunira en session extraordinaire le 4 juillet prochain pour débattre de l’autonomie de la Corse dans le cadre de la révision constitutionnelle prévue pour 2024.
Cette séquence, qui s’annonce forte sur les plans institutionnel et politique, sera l’occasion pour nous tous d’exprimer nos attentes dans le cadre du processus en cours. Il s’agira aussi, dans un moment clé pour notre île, de nous interroger collectivement sur le cadre institutionnel que nous voulons offrir à la Corse pour les prochaines décennies. Et au-delà du cadre, quelle réalité sociale nous voulons.
 
Alors que nous sommes souvent aux prises avec des questions du quotidien ou des attentes sectorielles, l’exercice qui vous et qui nous sera proposé mardi consistera d’abord et avant tout à prendre de la hauteur. Avant de rentrer dans le détail de l’architecture et la programmation qui sont à mettre en place, il faudra, du moins c’est l’espoir que je nourris, que nous puissions nous accorder sur une série de principes ou de fondamentaux qui devront guider les différentes séquences de ce processus tout en maximisant ses chances de réussite et d’aboutissement.
Avant de prendre à bras le corps ce vaste sujet qui viendra interroger ce que nous sommes et ce que nous voulons être, laissez-moi tenter de « dézoomer » pour regarder au-delà de nos confins et interroger le cadre dans lequel nous évoluons.
En mai dernier, déjà, j’évoquais notre ambition méditerranéenne. A nouveau, je souhaite évoquer cette question mais en la reliant directement au sujet qui nous attend mardi. 
Je voudrais, modestement, vous dire quelle est la vision que j’ai d’une Corse autonome dans son environnement européen et méditerranéen.
 
Alors que la question de l’insularité apparait souvent le sujet dont nous parlons quand nous parlons d’Europe, laissez-moi vous parler tout d’abord de ruralité.
Parmi les spécificités que nous tenons à valoriser il y a évidemment celles d’une société historiquement agropastorale au cœur de la Méditerranée. Vos questions orales de tout à l’heure le rappelaient d’ailleurs.
Alors que je viens d’être désignée par le Comité des Régions au sein du groupe de coordination du Pacte Rural européen, je voudrais insister sur la nécessité dans le cadre d’un projet d’autonomie de penser la ruralité dans l’intérêt des communautés rurales et de montagne, confrontées à des enjeux de mobilité, de connectivité de financement, d’impacts du changement climatique sur les activités agricoles et forestières. Aussi, les questions de spéculation ou sur fréquentation littorale(s) ne doivent pas nous détourner de ces sujets tout aussi cruciaux.
Pour rappel, le Pacte rural européen a été lancé en 2021 par la Commission Européenne afin d’impulser une vision de long terme pour les zones rurales de l'Union. Il fournit un cadre de coopération entre les autorités publiques, la société civile, les entreprises, les universités et les citoyens, aux niveaux européen, national, régional et local.
Il s’articule autour des 4 axes stratégiques :
- Le renforcement des territoires ruraux
- De meilleures connexions, en termes de routes ou numériques
- Des territoires ruraux plus résilients
- Des territoires ruraux plus prospères
Nous signalons évidemment collectivement la nécessité de faire attention aussi aux mouvements spéculatifs dans les territoires ruraux qui deviennent parfois des eldorados quand la pression du littoral ou des capitales remonte vers le rural.
Notre action doit pouvoir s’inscrire dans une dynamique européenne et locale avec le Président de l’exécutif et le Président de l’ODARC.
 
L’insularité ensuite. Cela nous ramène à notre environnement immédiat. La Méditerranée. Il y a quelques jours s’est tenu le festival Creazione à Bastia où j’ai eu l’immense plaisir de rencontrer le Président et la délégation de la région Fès Meknès. Cette région marocaine de 4,5 millions d’habitants qui accueille la plus vieille université du monde, l’université Al Quaraouiyine érigée en 859, sous le règne de la dynastie Idrisside, qui possède deux villes impériales d’une inestimable beauté (Fès, reine du Maghreb et Meknès, ville des Oliviers). Nos partenaires plaident pour plus rapprochement et de coopération avec la Corse.
Avec 42000 ressortissants marocains sur notre sol, des travailleurs mobilisés dans le milieu agricole et des liaisons aériennes saisonnières entre nos pays, le attentes sont nombreuses. Avec Creazione, ce sont également les opportunités potentielles d’échanges au sujet de l’artisanat d’art qui ont été mises à l’honneur.
A ce propos, il faut se réjouir de l’existence d’une convention entre la Chambre Régionale des Métiers de Corse et la Région de Fès -Meknès, mais je crois fortement qu’il nous faut amplifier cet effort de coopération et toutes les forces sont les bienvenues pour y concourir. Ainsi, à l’invitation du Président, je me rendrai au Maroc au mois de septembre prochain, pour porter la voix de la Corse, autre peuple méditerranéen, et ainsi acter un rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée.
Car, il ne suffit plus à mon sens de saluer notre proximité avec des îles ou régions de Méditerranée, en célébrant l’intérêt de leur statut, tout aussi pertinent soit-il. Il ne suffit pas de célébrer notre « méditerranéité ». Il faut des gestes et des actes forts qui témoignent de notre capacité, en prévision d’une situation d’autonomie, à prendre toute notre place dans cet espace qui est le nôtre. Espace naturel, de coopération et de géopolitique en incarnant cette identité dans les choix politiques et les l’exercice de nos compétences sur les plans économique, environnemental, de coopération ou encore d’aide humanitaire.
Annantu à stu sughjettu, è senza nisuna demagugia, da sparte incù voi a mio inchietudine.
Pocu ghjente l’hà detta, ma ci tocca oghje à indignà ci di a sorte di e centinaie è centinaie di migranti chì morrenu in u Mediterraniu, cum’ella fù u casu qualchì ghjorni fà in u mare grecu. Spergu ch’ella sippia pussibile – per l’umani, senza mintuvà quì i Cristiani chè no semu pè a maiò parte di noi – d’esse primurosi di a sorte di l’uni è di l’altri invecce di l’uni contr’à l’altri.  
Vulia compia stu sughjettu incù una citazione di l’Abbé Pierre :
 L’homme d’aujourd’hui est colossal par l’énormité des responsabilités qui pèsent sur lui, et minuscule devant l’immensité des tâches qui de toute part l’appellent.”
Oui, c’est une tâche bien difficile, mais nous sommes Méditerranéens et ces enjeux sont les nôtres, que nous le voulions ou pas.
Sur cette question méditerranéenne aussi complexe que fondamentale, je suis heureuse de m’engager et de m’exprimer en tant que rapporteur d’un nouvel avis auprès du comité des régions. Ce travail que je mènerai au cours des prochains mois aura pour thème l’importance des frontières maritimes et de la coopération avec les pays tiers. Au-delà du Maroc, il y a un enjeu majeur pour les décennies à venir à renforcer la coopération européenne avec les pays d’Afrique du Nord et à porter le projet d’une macro-région méditerranéenne sur le plan environnemental et la Corse autonome sera au cœur de ces sujets : climatiques, économiques, migratoires…
 
Enfin, nous devons également nous tourner davantage vers l’Italie. Avemu l’Italia à quattru ore di Bastia, i Corsi anu spessu chjamatu l’Italia a « Terra ferma ». Notre île et les frontières maritimes sont les grandes oubliées du Traité du Quirinal qui acte le renforcement de la coopération entre la France et l’Italie, alors même que notre culture est profondément italique et que notre territoire a souvent servi de trait d’union entre ces deux pays.
Afin de rétablir le rôle de la Corse dans le cadre de cette coopération européenne, j’ai souhaité déposer une motion dont nous aurons l’occasion de discuter demain.
La Corse autonome devra avoir l’ambition de mener une stratégie offensive de relations bilatérales ou multilatérales avec des régions italiennes et ce en utilisant tous les leviers institutionnels à disposition. Il en va de nos relations économiques, académiques ou encore de la stratégie de valorisation de notre langue.
Je m’engagerai en ce sens au cours des prochains mois.
 
Ruraux, insulaires, méditerranéens, latins, voici une partie de ce que nous sommes !
Soyons-en fier, faisons prospérer cette identité multiple qui ne demande qu’à rayonner, surtout n’ayons pas peur et dotons-nous des outils nécessaires pour continuer à exister.

À ringrazià vi !
 

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Jeudi 29 Juin 2023 modifié le Jeudi 29 Juin 2023

La Présidente | Actualités de la Présidence | Les rapports de la Présidente | Rôle de la Présidente | Les discours - 2018/2021 | Histoire de la présidence | Les discours de la Présidente