Assemblea di Corsica
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Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di i 22 è 23 di maghju di u 2025


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 22 mai 2025 au cours de la session extraordinaire




O Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,

Sta sessione s’apre una volta di più indè un ambiente pisivu.
U settore agriculu hè toccu torna un volta.
C’hè statu prima l’assassiniu di Pierre Alessandri qualchi settimane fà. U veranu hè vultatu, i fiori sò sbucciati mà Pierre, ellu, ùn c’hè più. Pensu à a so famiglia è a so amichi. Perchè ? Perchè l’anu tombu ?
Annant’à stu drama ùn si sà nunda… E’ vulemu tutti avè una risposta ! E’ u più prestu pussibule !
Senza paragunà,
Qualchi ghjorni fà ci sò stati incendii è arrubecci d’arnesi di parechji agricultori. Di sicuru ùn hè mortu nimu… Anc’assai ! Mà a vita di l’agricultori hè abbastanza straziata.
L’agricultura corsa ghjè sottu pressione : a terra hè scarsa, i ghjovani ùn si ponu più stallà, l’acqua manca in certi rughjoni…

Pò, ci sò state l’inghjuglie di un agricultore contru à u Presidente di l’esecutivu.
Ciò chì s’hè passatu hè grave.
Eiu sò sulidaria di u Presidente, di l’omu, di u militante, di l’elettu. Ùn si parla micca cusì !
Mà sò dinù sulidaria di st’omu vittima u lindumane di un incendiu. Perde u fruttu di u so travagliu. Ghjè un scuppientu per ellu è i so figlioli.
E’ dicu attenti ! Attenti à e manipulazione, à e speculazione, attenti à e cumbricule…
Attention aux manipulations donc, aux amalgames trop hâtifs, attention… Car la paix si durement acquise est vulnérable.
Or, les arrestations de ces dernières heures, dans le mouvement nationaliste, viennent appesantir le climat déjà délétère et ne laissent présager rien de bon… Je ne peux que demander que l’apaisement et le dialogue prévalent.
Ce que nous pouvons malheureusement constater dans ce monde qui - à bien des égards – inquiète et surprend, c’est que rien de ce que nous pensions comme acquis ou définitif, ne l’est en réalité.
Prenez l’Europe, par exemple, que nous célébrons tous les mois de mai.
Que ce soit la paix, la prospérité, la libre circulation, ou encore la défense des droits de l’Homme, toutes ces victoires permises par l’Union européenne n’apparaissent plus aujourd’hui comme des évidences.
Permettez-moi à ce titre d’avoir une pensée toute particulière dans ce contexte pour la situation dramatique dans la bande de Gaza, et pour le peuple palestinien. Les regards européens qui se détournent de ce qui relève aujourd’hui d’une intention manifeste d’occuper Gaza et d’anéantir sa population participent à une remise en question claire des valeurs de l’Europe et font la part belle aux faiseurs de guerre au détriment des messagers de l’espoir. Ce qui se joue à Gaza concerne l’Europe et nous concerne tous. Plus de 50.000 morts, une population affamée, une famine généralisée, des hôpitaux et structures de santé systématiquement détruits, des images d’enfants qu’aucun regard humain ne saurait supporter. Nous ne pourrons pas dire ne pas avoir su.
La première prise de parole de Papa Leone XIV au balcon de la basilique Saint-Pierre le 8 mai dernier fut un appel à la paix. Espérons que ces mots qui semblaient jusqu’à il y a peu galvaudés reprennent vie à travers un véritable projet politique commun qui aille au-delà des exhortations, au demeurant légitimes, du Saint-Père.

Au-delà des valeurs fondamentales, l’Europe repose aussi et surtout sur la reconnaissance et la célébration de la diversité.
Dans ce contexte, c’est non sans fierté, que j’ai été élue le mois dernier Présidente de la Commissions des îles de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes. Cette Commission qui réunit les îles de toutes les mers de l’Union européenne a un rôle important à jouer en Europe pour la prise en compte de nos spécificités. D’autres avant moi y ont joué un rôle clé, je pense évidemment aux Présidents Baggioni et Simeoni, et j’espère que cette présidence nous donnera les moyens de peser de manière décisive dans les décisions à venir.
Car oui, l’Europe, qui est une vieille amie de la Corse depuis Paoli, une amie que l’on célèbre tout autant que l’on malmène, est dans une période charnière.

Ainsi, le 2 avril dernier, le Commissaire européen à la Cohésion et aux réformes, Raffaele Fitto a annoncé - lors de la présentation de sa proposition de révision de la politique de cohésion - vouloir lancer prochainement une stratégie spécifique pour les îles de l’Union européenne. Cette prise en considération de la dimension insulaire apparait clairement dans le document officiel qui a été divulgué et dont je vous fais lecture : 
« Les îles et les régions ultrapériphériques sont confrontées à des défis spécifiques liés aux coûts plus élevés des matières premières et de l'énergie, en particulier après le début de la guerre en Ukraine, en plus des contraintes inhérentes à leur déconnexion physique et à leur éloignement du continent qui affectent le marché du travail, le transport et la mobilité, l'accès aux matières premières, ainsi que l'approvisionnement en énergie. Cette déconnexion géographique rend également beaucoup plus difficile la transition propre de ces territoires vers une économie neutre sur le plan climatique. En outre, les emplois saisonniers créés par le tourisme cachent souvent un manque d'opportunités d'emploi attractives pour la population locale (…) Pour aider les îles et les régions ultrapériphériques à résoudre ces problèmes aux multiples facettes, la Commission lancera une consultation sur l'élaboration d'une stratégie pour les îles et d'une stratégie actualisée pour les régions ultrapériphériques. »  [fin de citation]
Les prochaines semaines pourraient donc se révéler très importantes pour la reconnaissance à l’échelle européenne de nos contraintes spécifiques et leur véritable intégration dans les arbitrages budgétaires de l’Union.
Dans ce contexte, à Bruxelles comme ici, j’entends, avec la contribution de tous je l’espère, permettre des avancées significatives.

Cela passe aussi par le renforcement des bassins maritimes de proximité. J’ai eu l’honneur en mars dernier de proposer une réflexion de haut-niveau sur la place de la Corse dans l’Arc nord-tyrrhénien et la nécessité de mieux appréhender les zones frontalières maritimes aussi bien au niveau européen que national. Les personnalités présentes, qu’elles exercent des mandats européens ou nationaux ont toutes été marquées par la prégnance de nos spécificités, la réalité de nos contraintes et les potentialités d’une meilleure cohésion entre notre île et nos partenaires italiens. Aussi, dans la poursuite du rapport présenté par le Conseiller Jean-Félix Acquaviva le mois dernier, relatif aux connexions nécessaires avec les régions limitrophes, je veux dire ici que pour la Corse, l’Europe ce n’est pas que Bruxelles, des financements et des beaux discours.
L’Europe pour la Corse, c’est surtout Santa Teresa di Gallura, Livorno et Genova qui sont à quelques encablures de nos côtes et avec lesquelles nous partageons un héritage commun. Nous aurons d’ailleurs à célébrer une part de cet héritage, le 3 juin prochain lors d’une initiative sur les liens entre Paoli et la Toscane, dans le cadre du 300ème anniversaire du Babbu di a Patria. Parler de Paoli à Florence c’est redonner une centralité à cette histoire séculaire faite de liens et de partages, centralité que nous souhaitons recréer à travers un partenariat plus fort entre nos régions.
Je me réjouis donc qu’en unissant nos forces, Exécutif et Assemblée de Corse, nous puissions durablement inscrire la Corse et les îles dans les process européens et ainsi répondre à des besoins concrets qui concernent notre vie de tous les jours : surcoûts, accessibilité, services…
Ce mouvement positif serait certes incomplet s’il ne s’accompagnait pas d’un statut institutionnel à la hauteur des défis, c’est-à-dire reconnaissant notre rôle tout particulier dans cet espace méditerranéen aux enjeux ô combien puissants et déterminants pour l’avenir du monde mais aussi nous octroyant les moyens de décider par nous-mêmes des politiques à mener pour résorber toutes les contraintes liées à notre condition d’insulaires.
Mais de cela il en sera question dans tout à l’heure pour notre débat d’orientation consacrée à l’actualité du processus de révision constitutionnelle.

A ringrazià vi.

 

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Jeudi 22 Mai 2025 modifié le Jeudi 22 Mai 2025

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