Assemblea di Corsica
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Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di i 24 è 25 di lugliu di u 2025


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 24 juillet 2025 au cours de la session extraordinaire




O Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,

Sta sessione s’apre in un cuntestu induve e questioni interne è europee s’intreccianu. Sessione assai ricca chì ci permetterà prima di a pausa estiva di discorre nantu à u PADDUC, i trasporti è l’infrastrutture è nantu à l’ultima riunione di l’eletti corsi in Pariggi marti sera.
Simu ghjunti à un puntu impurtante di a nostra storia istituziunale.

Dapoi parechji mesi, noi, eletti, simu impegnati in un prucessu di dialogu è neguziazione cù u Statu, a fin di definisce un novu statutu.
Stu prucessu, ch’emu sempre vulsutu custruttivu è francu, s'inserisce in una dinamica più larga, quella di i territorii d’Europa chì cercanu à acciuncià cunvergenza ecunomica è ricunniscenza di e so particularità.

Il y a seulement deux mois de ça, en introduction de session, je vous faisais état d’un document officiel dans lequel le Commissaire Raffaele Fitto explicitait la nécessité d’agir en faveur des îles face aux difficultés qu’elles subissent de par leur simple isolement géographique.
Il s’avère que nous sommes aujourd’hui, au niveau européen, à la croisée des chemins.
En Europe, les débats autour du futur budget pluriannuel post-2027 se précisent.
Alors que mercredi 16 juillet, le commissaire européen au Budget, Piotr Serafin, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont proposé un cadre financier pluriannuel de 2 000 milliards d’euros, la présentation de la structure de ce plan - pour la programmation à venir, 2028-2034, a déclenché une vague de réactions et confirmé beaucoup d’inquiétudes.
Derrière les discours d’harmonisation et de compétitivité, de défense, de sécurité, ce sont des signaux alarmants qui émergent quant au sort réservé aux régions, aux réalités locales et notamment quant à la place réelle qui sera accordée aux territoires les plus vulnérables – et notamment, parmi eux, les îles.
Nous devons le dire avec clarté : la perspective d’un resserrement budgétaire, à l’échelle européenne, et d’une recentralisation nationale pour la gestion des crédits aura des conséquences directes sur la politique de cohésion, sur l’ensemble des financements destinés au développement régional, et sur la politique agricole commune. Dans ce scenario, indiscutablement, les îles seront perdantes.
Alors que l’insularité appelle des réponses ciblées, différenciées, la standardisation croissante des instruments européens, telle qu’elle est prévue au moment où on se parle, ne peut être la solution et menace de marginaliser davantage nos territoires.
Mais au-delà des chiffres, il y a des réalités concrètes : celle de l’insularité vécue par 20 millions d’Européens. Nous savons combien les contraintes propres aux îles – en matière de transport, d’énergie, d’accès aux soins ou encore d’opportunités économiques – requièrent une politique cohérente, ambitieuse, et pleinement adaptée.
C’est cette parole que j’ai dernièrement portée non seulement au Comité des Régions mais aussi au Parlement européen le 15 juillet dernier, en tant que Présidente de la Commission des îles de la CRPM, et, plus récemment, auprès de la fondation Schuman. J’y ai systématiquement rappelé que la reconnaissance formelle des spécificités insulaires ne saurait suffire si elle n’est pas suivie d’effets dans les arbitrages politiques et financiers. Les fonds structurels sont mobilisés, mais ils sont soumis à des règles standardisés, parfois déconnectées des particularismes géographiques, culturel, économiques des îles, comme la Corse.
Et dans ce contexte tendu, notre responsabilité est grande. Car dans le cadre du projet d’autonomie qui est le nôtre, fondé sur la confiance et la responsabilité, il faut s’assurer que la déclinaison et les outils soient à la hauteur de l’ambition. Nous ne pouvons pas penser d’un côté l’autonomie sans penser priorités, compétences, ressources, et sans réinsérer ce débat dans le contexte actuel européen.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement une reconnaissance institutionnelle. C’est aussi une reconnaissance humaine et territoriale. Une reconnaissance de ce que nous sommes, ici, sur une terre d’histoire et de volonté. Une île reconnue dans sa singularité, mais aussi une île au coeur d’une Europe qui, parfois, nous regarde sans nous voir.

Si pour 2028, nous attendons beaucoup de l’Europe, depuis 2022 nous attendons beaucoup d’un processus institutionnel visant à prendre la pleine mesure de notre réalité politique, économique, sociale et culturelle.
La tenue du dernier Comité Stratégique de ce qui aura été le processus de Beauvau, initié – rappelons-le - dans un contexte de crise sans précédents, après l’assassinat d’Yvan Colonna, aura permis de faire prévaloir l’accord politique obtenu après plusieurs mois de travaux, entre 2022 et 2024, ici et à Paris.
Le 30 juillet prochain, le gouvernement devrait donner officiellement le top départ pour la révision constitutionnelle. Il le fera sur la base des écritures constitutionnelles votées dans cet hémicycle. Cela était, de notre point de vue, non négociable. Le déni démocratique ne peut être la constante réponse de l’Etat vis-à-vis de la Corse. Et là où les forces rétrogrades cherchent, à chaque étape de ce long chemin, à nous rapporter en arrière, nous opposons, et nous opposerons, de manière systématique, notre ligne claire et déterminée.
La ligne de ceux qui affirment qu’une évolution institutionnelle est nécessaire pour permettre à cette terre et à ce peuple d’envisager une trajectoire de développement plus harmonieuse et respectueuse de notre identité et de notre environnement.
La ligne de ceux qui ont fait le choix de la démocratie et continuent de croire qu’on ne peut constamment bafouer le projet validé par les Corses.
La ligne de ceux qui font le pari un peu fou de l’audace pendant que certains s’enlisent dans le conservatisme et les visions archaïques.
A cette heure, je le sais, nous le savons, rien n’est acquis, rien n’est joué. A partir du 30 juillet, la partie se jouera ailleurs, ce qui explique l’esprit d’extrême vigilance qui nous anime.

Nous ne nous laisserons pas déposséder d’une histoire et d’un projet qui sont les nôtres.
Nous attendent, donc, vous l’aurez compris des semaines et des mois de négociations, mais aussi de pédagogie, certainement complexes et difficiles, à l’échelle européenne mais aussi française.
Mais, comme je le disais en ouverture, en élus responsables, nous irons convaincre et nous nous opposerons à toute tentative de retour en arrière. Alors que nous nous apprêtons à célébrer les 50 ans d’Aleria, il me semble que nous le devons à ceux qui se sont réveillés il y a plus d’un demi-siècle quand tant d’autres nous voulaient endormis et serviles.
Nous le leur devons, comme nous le devons à ceux qui viendront.

A ringrazià vi.
 

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Vendredi 25 Juillet 2025 modifié le Vendredi 25 Juillet 2025

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