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"Il est nécessaire que la Corse développe sa propre politique énergétique"


Discours du Président de l'Assemblée de Corse prononcé lors du Conseil de l'Energie, de l'Air et du Climat qui s'est déroulé le 15 décembre 2020 à Aiacciu.



Faut-il le rappeler, la transition énergétique est l’une de nos priorités. Elle est la porte d’entrée d’une révolution sociétale que nous souhaitons tous aujourd’hui. La production d’énergie propre aura des conséquences bénéfiques dans des secteurs multiples : habitat, transport, espace public, modes de consommation dans leur ensemble, et aussi sur la santé de nos enfants. Elle est la pierre angulaire du changement qu’il n’est plus souhaitable d’espérer, mais vital de concrétiser. Une révolution, attendue, exigée et appliquée sur le long terme.

Pour autant, les objectifs à atteindre doivent l’être sur un temps court. Nous le savons, ce n’est pas un caprice, c’est un impératif.

Voilà maintenant de nombreuses années que les scientifiques s’accordent à dire que l’environnement est en danger. Aujourd’hui, ils sont entendus. Notre présence à tous en atteste.
En revanche, les gouvernements ne semblent pas avoir pris la mesure de l’urgence des changements qui doivent s’opérer avant qu’il ne soit trop tard.  Le caractère imminent des conséquences du changement climatique, de la destruction des écosystèmes, de l’impact néfaste de l’activité humaine sur les équilibres fragiles de la nature, doit nous pousser à agir sans délai.  

Nous le voyons, les décisions pouvant avoir un réel impact positif sont sans cesse repoussées dans le temps, voire rejetées. Un exemple : le Président français envisageait d’interdire la location des logements dits « passoires thermiques » en 2025, et rembourser leur rénovation aux ménages les plus modestes. La mesure sera finalement différée de trois années supplémentaires, avec une prise en charge du coût de rénovation seulement partielle.

Comme je le disais, il est inquiétant que les responsables politiques n’aient pas intégré l’urgence de la situation alors même que les conséquences de la dégradation de notre environnement sont là, sous nos yeux. Nous sommes au cœur d’une crise sanitaire qui en est une illustration. Les alertes n’avaient pourtant pas manqué. A-t-on besoin de convoquer un référendum pour dire l’importance stratégique, vitale des politiques écologiques ?

Le développement des maladies zoonotiques, transmissibles des animaux aux hommes, et dues à la détérioration de l’environnement, avait été prédit. Le Coronavirus paralyse tous les Etats du monde et les endette pour sauver leur économie. Et que dire de la pollution de l’air, entre autres, qui contribue au développement de cancers, de maladies respiratoires, ou cardiovasculaires ?
Cette urgence climatique et écologique, l’Assemblée de Corse l’a déclarée solennellement l’an dernier et place déjà la défense de l’environnement au centre de ses prises de décisions. Elle fait écho à l’appel du Pape François qui en 2015 déclarait l’urgence climatique mondiale.

Samedi, devant le peu d’avancées enregistrées en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est cette fois le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, qui appelait « les responsables du monde à déclarer l’état d’urgence climatique dans leur pays jusqu’à ce que la neutralité carbone soit atteinte ».

Voilà les raisons pour lesquelles les ambitions de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie doivent suivre à présent un calendrier resserré. C’est possible.

L’Arlésienne de la centrale di Ricantu, dont il n’est pas prévu de parler aujourd’hui m’inquiète au plus haut point. Silenziu pisivu. Au titre de l’exercice de nos responsabilités, je ne saurai éluder ce sujet à la fois technique et politique. Je crois qu’il illustre combien il est nécessaire que la Corse développe sa propre politique énergétique, sans déférence aucune ni à l’égard d’EDF, ni à l’égard de l’Etat. Je proposerai la tenue d’un débat à l’Assemblée de Corse sur le sujet.

Le progrès technologique nous permet aujourd’hui du croire en une transition accélérée. En une plus grande finesse dans les projections pour réadapter nos stratégies au fil des changements climatiques, lesquels ont déjà commencé.

Il faudrait également faire en sorte que les Corses puissent profiter des mesures incitatives en vigueur. Je pense par exemple au bonus écologique proposé pour l’achat d’une voiture hybride ou électrique qui a été pour nous une occasion ratée, par manque de bornes de recharge implantées sur le territoire.  

Je veux dire par là, que nous devons tout faire pour créer, sur notre île, les conditions propices au développement et à la pérennisation de projets concrets.  Cette pérennisation passe par la formation, la recherche et développement débouchant sur la création de véritables filières d’avenir et donc d’emplois.

Produire propre, consommer moins, ce système vertueux nous le pensons inscrit dans un objectif plus global : celui de l’autosuffisance énergétique, qui permettra aux Corses de consommer au plus juste et en toute indépendance.

Si les initiatives individuelles se développent, les collectivités peuvent elles aussi produire de l’énergie renouvelable sur leurs communes. Nous les y incitons, et les soutenons dans ces choix. Je souhaite à cet égard que la Collectivité de Corse puisse produire des énergies renouvelables, y compris en partenariat avec les acteurs privés de notre île.  

Mobilisons nos forces et notre intelligence pour inverser le processus et répondre au gigantesque défi que nous avons à relever : opposer au fatalisme d’une mort annoncée, une alternative de changement radical et immédiat.
 
Je vous remercie.


Rédigé le Mardi 15 Décembre 2020 modifié le Jeudi 17 Décembre 2020

              

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