O Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Cari cunsiglieri esecutivi,
Cari cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care è cari tutti,
Per st’ultima sessione di l’annata, vi vogliu ramintà qualche stonde forte di u 2025.
A settimana scorsa s’hè compia l’annata di cummemurazione di a nascita di Pasquale Paoli, 300 anni fà. Un’annata ricca di feste, cunferenze, di realisazione artistiche in Corsica è aldillà. Da e cità à i paesi, giovanni è più anziani, anu onuratu u Babbu di a Patria mintendu in valore a so lascita tamanta.
À ringrazià li tutti per sta mossa populare !
Sta festa di u populu corsu avia principiatu u 6 d’aprile in Merusaglia u so paese. È s’hè compia marti passatu in Bruxelles, à u Cumitatu di e Regione. Incù a Cunsigliera Bianca Fazi, avemu prisentatu, aiutate da u Professore Antoine-Marie Graziani è i servizi di u patrimoniu, una mostra annant’à a vita di u Generale, omu di statu, omi di i Lumi. Sta mostra l’avete oghje prisente in u salottu qui vicinu.
Paoli, celui dont Voltaire soulignait la dimension européenne. Paoli auquel Rousseau prédisait un rayonnement politique exceptionnel tout autant qu’un destin fabuleux pour son peuple…
Des membres du Comité des régions, des députés européens dont le Vice-président du Parlement, des hauts fonctionnaires ont découvert et pu apprécier le caractère actuel des valeurs défendues par Paoli, valeurs qui résonnent aujourd’hui encore avec une intensité particulière en Europe : l’éducation, la liberté, la démocratie.
Ce fut, la semaine dernière, donc un moment de partage d’un pan essentiel de notre histoire, certes peu connu au sein des institutions européennes, mais dont la portée symbolique, tout autant que littérale, marqua les visiteurs de cette exposition.
Il fut aussi question cette semaine de commémoration, quelques jours après le premier anniversaire de la visite historique de Papa Francescu, qui nous a fait la joie et l’honneur l’an passé de venir en Corse, et qui a attiré le regard du monde entier sur notre île. Le pape y célébra notre piété populaire « exemplaire en Europe » a bien dit le Saint Père. Et bien qu’il nous ait quittés, les mots, qu’il avait prononcés à Aiacciu le 15 décembre 2024 résonnent plus que jamais : « soyez courageux, soyez dans l’attente joyeuse ! » Pourtant dans les jours et mois qui suivirent, souvenez-vous, la violence et les meurtres rythmèrent notre quotidien. Combien fut douloureuse cette année 2025 ! Moi je ne veux pas oublier, alors que Noël approche, les drames qui touchèrent de nombreuses familles corses au cours des derniers mois avec plusieurs jeunes assassinés. Et conformément aux paroles de Papa Francescu, malgré le chagrin des familles que je partage et une sourde inquiétude, je veux rester confiante dans notre capacité collective à faire le pari de la vie et de la joie.
Enfin, il y a dix ans, le peuple corse faisait un choix clair : celui de porter les nationalistes aux responsabilités de cette Collectivité dans un esprit de changement, de défi et d’espoir.
M’arricordu di sta serata di u 13 di dicembre 2015 cum’è una stonda d’emuzione tamanta. Era appinuccia sorpresa dinù, quandu i primi risultati ci anu fattu capisce chì a vittoria era nostra.
Je ne ferai pas évidemment ce matin le bilan exhaustif de ce que furent ces 10 ans de pouvoir nationaliste. Un bilan trop riche pour être contenu en quelques phrases. Beaucoup de choses ont été dites depuis samedi dernier.
Mais, qu’on le veuille ou non, ce 13 décembre 2015 constitue un véritable bouleversement, une rupture dans l’histoire politique de la Corse. Un changement majeur qui s’est exprimé d’abord dans les urnes pour plébisciter un programme politique nationaliste et ce, à trois reprises en 2015, en 2017 puis en 2021. Un changement majeur qui se traduit aussi par une transformation profonde de la conduite de la chose publique et de la manière de faire de la politique. Un changement majeur qui fait qu’aujourd’hui autonomistes ou pas, nationalistes ou pas, Corses et non-Corses, tous adhèrent à l’idée qu’il existe un peuple corse qui, comme tous les autres, a le droit à la vie et au bonheur, qu’une langue et une culture corse sont à préserver et à faire vivre, que cette île a besoin de plus d’autonomie pour réaliser cela et tant d’autres choses encore.
En dix ans, nous avons modernisé nos institutions. La création de la Collectivité unique en 2018 et la disparition des conseils généraux a constitué une étape structurante, nous permettant d’obtenir des compétences élargies depuis le premier statut de 1982 et une institution plus cohérente, plus forte, dont la réorganisation se poursuit encore aujourd’hui.
Durant cette décennie, nous avons sans relâche défendu les intérêts matériels du peuple corse. Nous nous sommes battus afin de sécuriser la dotation de continuité territoriale, maintenir les délégations de service public dans les transports aériens et maritimes et avons fait le choix d’une gestion publique de nos ports et aéroports, infrastructures stratégiques pour une île. Transformé aussi les chemins de fer. Défendu les eaux d’Orezza. Créé la réserve naturelle du Rotondu. Veillé à la cohésion territoriale en soutenant tout autant le réseau urbain que le rural avec, en particulier, la création d’un Comité de massif insulaire.
Nous avons agi pour faciliter la vie des Corses : le désenclavement numérique avec la fibre sur tout le territoire, couverture THD et le câble entre la Corse et l’Italie, l’accès au logement pour les primo-accédants, la lutte contre la précarité énergétique, le soutien aux associations, le plan d’autonomie pour les personnes âgées, le plan de relance de l’économie touristique après la crise du COVID, les aides aux étudiants en difficulté, tous les dispositifs pour la jeunesse, l’accès à la culture pour le plus grand monde, etc. etc. Sans compter, bien évidemment, l’action continue des agences et offices de la CDC dans chaque domaine de nos compétences sectorielles. La liste est longue.
Tout cela sans renoncer à nos fondamentaux : la langue avec le renforcement de l’enseignement bilingue, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière, nous en reparlerons tout à l’heure, la protection de l’environnement, la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, l’ouverture sur l’Europe et la Méditerranée et, bien sûr, le combat démocratique partout et toujours.
En effet, alors que la démocratie est partout en danger et que le rejet et le repli identitaire, ici comme ailleurs, prennent force, nous avons fait le choix de mettre en pratique les principes démocratiques par la consultation permanente de toutes les parties prenantes sur tous les dossiers (le CESEC, l’Assemblea di a Ghjuventù, la Chambre des territoires…) sur les transports, les déchets, la lutte contre les dérives mafieuses, le poids des monopoles sur la cherté de la vie et du carburant avec la conférence sociale et nous avons toujours recherché l’équité dans les mesures de politique publique proposées et mises en oeuvre.
En résumé, ces dix ans sont plus qu’une liste de réalisations matérielles, de centaines de rapports traités et de milliers d’heures de débats dans cet hémicycle en particulier. C’est avant tout le récit d’une émancipation collective. Une émancipation collective qui n’est pas achevée. Et j’ose le dire, c’est une phase de transition tout autant exaltante qu’ardue car tout changement structurel demande du temps. Et au cours de ces trois premiers mandats nationalistes, nous avons déjà ancré dans les faits, l’idée que les Corses pouvaient, par eux-mêmes, gérer leurs affaires publiques sans rien n’enlever à personne, en respectant leur environnement et en défendant leur identité sans rejeter les autres.
Alors bien sûr rien n’est parfait. Aucune expérience de gouvernement ne se fait sans difficultés. La nôtre n’échappe pas à la règle et il faut le dire avec humilité. Oui, nous avons connu des écueils. Oui, il y a eu des erreurs, des promesses qui ont pris du temps à être tenues, des retards, liés au nécessaire passage de la culture militante à l’exercice des responsabilités. À la sous-estimation aussi des contentieux administratifs hérités du passé que nous avons eu à gérer à notre arrivée au pouvoir. Aux effets de la crise sanitaire qui prirent ici une ampleur économique plus forte que sur le continent. Aux non-réponses de l’Etat à nos demandes légitimes comme à la lenteur des procédures juridiques européennes ou encore plus récemment à l’instabilité gouvernementale depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Comme toutes les autres régions nous avons subi et nous subissons de plein fouet les effets délétères de la crise politique et budgétaire qui secouent la France. Comment aurions-nous pu y échapper ?
Je pense aussi aux drames qui se sont succédés, dont l’assassinat d’Yvan Colonna qui fit descendre dans la rue la jeunesse corse durant plusieurs jours d’intense colère. Et qui conduisit à l’ouverture du processus de Beauvau pour lequel, nous avons tous ici travaillé pendant des jours et des nuits, et pour lequel nous attendons maintenant que le Gouvernement puis le Parlement prennent leurs responsabilités.
Oui les choses ne sont pas allées aussi vite que nous l’aurions voulu mais je peux assurer les Corses d’une chose : durant toutes ces années, chaque décision que nous avons prise l’a été en mettant les intérêts de la Corse et leurs attentes légitimes au coeur de nos choix, et de notre action, sincèrement et avec, depuis le premier jour, la volonté de bien faire et d’être juste.
Je disais, il y a un instant, que cette émancipation collective n’est pas encore aboutie, et plutôt que de regarder en arrière, regardons l’avenir comme nous y a invités récemment, lors de sa dernière session, l’Assemblea di a Ghjuventù.
Alors que partout dans le monde et en Europe, les défis s’accumulent, alors que la Corse, sous l’effet conjugué d’une croissance démographique tirée par le solde migratoire et d’un vieillissement accéléré de la population, voit sa sociologie et son identité se transformer, quel est notre cap pour la prochaine décennie et au-delà ? Que proposera-t-on les uns et les autres à cette jeunesse qui connaît déjà l’élévation de la température, la pression mafieuse, les dégâts des addictions, l’importation d’idées nauséabondes, les dérives des réseaux sociaux et pire que tout, le sentiment de dépossession ? Que lui proposera-t-on pour être résiliente sur le plan climatique, innovante sur le plan économique, inventive sur le plan sociétal et toujours résistante sur le plan politique ?
C’est cela la véritable question qu’il faudra se poser avant de prétendre gouverner ce pays à quelque niveau institutionnel que ce soit qu’il s’agisse des communes, des intercommunalités, de la Collectivité.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les conseillers exécutifs, mesdames et messieurs les conseillers territoriaux, pour construire un futur soutenable, je vous invite en cette fin d’année à vous remémorer non seulement les valeurs de Paoli « éducation, liberté, démocratie », non seulement le message oecuménique du Saint Père nous conviant à la paix et à la joie dans l’action, mais aussi le message de notre jeunesse délivré le 4 décembre dernier et que je veux citer, ce sont les mots du Vice-Président de l’Assemblea di a Ghjuventù : « Pour nous, jeunes membres de cette Assemblea di a Ghjuventù, cette décennie aura été celle du passage de l’enfance vers l’adolescence pour entrer maintenant progressivement dans l’âge adulte…
Gageons qu’il en soit de même pour la Corse et qu’elle entre elle aussi dans l’âge de maturité lors de la prochaine décennie : celle de la transformation, de l’accomplissement, celle de l’émancipation… ».
Allora cari tutti ch’issa fine d’annata vi porti à tutte è tutti pace è gioia, è ch’ella ci dessi a forza di purtà sempre più luntanu è più altu u prugettu d’emancipazione econumicu, suciale è puliticu di u nostru populu.
À ringrazià vi !
E cusi sià !
Cari cunsiglieri esecutivi,
Cari cunsiglieri à l’Assemblea di Corsica
Care è cari tutti,
Per st’ultima sessione di l’annata, vi vogliu ramintà qualche stonde forte di u 2025.
A settimana scorsa s’hè compia l’annata di cummemurazione di a nascita di Pasquale Paoli, 300 anni fà. Un’annata ricca di feste, cunferenze, di realisazione artistiche in Corsica è aldillà. Da e cità à i paesi, giovanni è più anziani, anu onuratu u Babbu di a Patria mintendu in valore a so lascita tamanta.
À ringrazià li tutti per sta mossa populare !
Sta festa di u populu corsu avia principiatu u 6 d’aprile in Merusaglia u so paese. È s’hè compia marti passatu in Bruxelles, à u Cumitatu di e Regione. Incù a Cunsigliera Bianca Fazi, avemu prisentatu, aiutate da u Professore Antoine-Marie Graziani è i servizi di u patrimoniu, una mostra annant’à a vita di u Generale, omu di statu, omi di i Lumi. Sta mostra l’avete oghje prisente in u salottu qui vicinu.
Paoli, celui dont Voltaire soulignait la dimension européenne. Paoli auquel Rousseau prédisait un rayonnement politique exceptionnel tout autant qu’un destin fabuleux pour son peuple…
Des membres du Comité des régions, des députés européens dont le Vice-président du Parlement, des hauts fonctionnaires ont découvert et pu apprécier le caractère actuel des valeurs défendues par Paoli, valeurs qui résonnent aujourd’hui encore avec une intensité particulière en Europe : l’éducation, la liberté, la démocratie.
Ce fut, la semaine dernière, donc un moment de partage d’un pan essentiel de notre histoire, certes peu connu au sein des institutions européennes, mais dont la portée symbolique, tout autant que littérale, marqua les visiteurs de cette exposition.
Il fut aussi question cette semaine de commémoration, quelques jours après le premier anniversaire de la visite historique de Papa Francescu, qui nous a fait la joie et l’honneur l’an passé de venir en Corse, et qui a attiré le regard du monde entier sur notre île. Le pape y célébra notre piété populaire « exemplaire en Europe » a bien dit le Saint Père. Et bien qu’il nous ait quittés, les mots, qu’il avait prononcés à Aiacciu le 15 décembre 2024 résonnent plus que jamais : « soyez courageux, soyez dans l’attente joyeuse ! » Pourtant dans les jours et mois qui suivirent, souvenez-vous, la violence et les meurtres rythmèrent notre quotidien. Combien fut douloureuse cette année 2025 ! Moi je ne veux pas oublier, alors que Noël approche, les drames qui touchèrent de nombreuses familles corses au cours des derniers mois avec plusieurs jeunes assassinés. Et conformément aux paroles de Papa Francescu, malgré le chagrin des familles que je partage et une sourde inquiétude, je veux rester confiante dans notre capacité collective à faire le pari de la vie et de la joie.
Enfin, il y a dix ans, le peuple corse faisait un choix clair : celui de porter les nationalistes aux responsabilités de cette Collectivité dans un esprit de changement, de défi et d’espoir.
M’arricordu di sta serata di u 13 di dicembre 2015 cum’è una stonda d’emuzione tamanta. Era appinuccia sorpresa dinù, quandu i primi risultati ci anu fattu capisce chì a vittoria era nostra.
Je ne ferai pas évidemment ce matin le bilan exhaustif de ce que furent ces 10 ans de pouvoir nationaliste. Un bilan trop riche pour être contenu en quelques phrases. Beaucoup de choses ont été dites depuis samedi dernier.
Mais, qu’on le veuille ou non, ce 13 décembre 2015 constitue un véritable bouleversement, une rupture dans l’histoire politique de la Corse. Un changement majeur qui s’est exprimé d’abord dans les urnes pour plébisciter un programme politique nationaliste et ce, à trois reprises en 2015, en 2017 puis en 2021. Un changement majeur qui se traduit aussi par une transformation profonde de la conduite de la chose publique et de la manière de faire de la politique. Un changement majeur qui fait qu’aujourd’hui autonomistes ou pas, nationalistes ou pas, Corses et non-Corses, tous adhèrent à l’idée qu’il existe un peuple corse qui, comme tous les autres, a le droit à la vie et au bonheur, qu’une langue et une culture corse sont à préserver et à faire vivre, que cette île a besoin de plus d’autonomie pour réaliser cela et tant d’autres choses encore.
En dix ans, nous avons modernisé nos institutions. La création de la Collectivité unique en 2018 et la disparition des conseils généraux a constitué une étape structurante, nous permettant d’obtenir des compétences élargies depuis le premier statut de 1982 et une institution plus cohérente, plus forte, dont la réorganisation se poursuit encore aujourd’hui.
Durant cette décennie, nous avons sans relâche défendu les intérêts matériels du peuple corse. Nous nous sommes battus afin de sécuriser la dotation de continuité territoriale, maintenir les délégations de service public dans les transports aériens et maritimes et avons fait le choix d’une gestion publique de nos ports et aéroports, infrastructures stratégiques pour une île. Transformé aussi les chemins de fer. Défendu les eaux d’Orezza. Créé la réserve naturelle du Rotondu. Veillé à la cohésion territoriale en soutenant tout autant le réseau urbain que le rural avec, en particulier, la création d’un Comité de massif insulaire.
Nous avons agi pour faciliter la vie des Corses : le désenclavement numérique avec la fibre sur tout le territoire, couverture THD et le câble entre la Corse et l’Italie, l’accès au logement pour les primo-accédants, la lutte contre la précarité énergétique, le soutien aux associations, le plan d’autonomie pour les personnes âgées, le plan de relance de l’économie touristique après la crise du COVID, les aides aux étudiants en difficulté, tous les dispositifs pour la jeunesse, l’accès à la culture pour le plus grand monde, etc. etc. Sans compter, bien évidemment, l’action continue des agences et offices de la CDC dans chaque domaine de nos compétences sectorielles. La liste est longue.
Tout cela sans renoncer à nos fondamentaux : la langue avec le renforcement de l’enseignement bilingue, la lutte contre la spéculation foncière et immobilière, nous en reparlerons tout à l’heure, la protection de l’environnement, la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, l’ouverture sur l’Europe et la Méditerranée et, bien sûr, le combat démocratique partout et toujours.
En effet, alors que la démocratie est partout en danger et que le rejet et le repli identitaire, ici comme ailleurs, prennent force, nous avons fait le choix de mettre en pratique les principes démocratiques par la consultation permanente de toutes les parties prenantes sur tous les dossiers (le CESEC, l’Assemblea di a Ghjuventù, la Chambre des territoires…) sur les transports, les déchets, la lutte contre les dérives mafieuses, le poids des monopoles sur la cherté de la vie et du carburant avec la conférence sociale et nous avons toujours recherché l’équité dans les mesures de politique publique proposées et mises en oeuvre.
En résumé, ces dix ans sont plus qu’une liste de réalisations matérielles, de centaines de rapports traités et de milliers d’heures de débats dans cet hémicycle en particulier. C’est avant tout le récit d’une émancipation collective. Une émancipation collective qui n’est pas achevée. Et j’ose le dire, c’est une phase de transition tout autant exaltante qu’ardue car tout changement structurel demande du temps. Et au cours de ces trois premiers mandats nationalistes, nous avons déjà ancré dans les faits, l’idée que les Corses pouvaient, par eux-mêmes, gérer leurs affaires publiques sans rien n’enlever à personne, en respectant leur environnement et en défendant leur identité sans rejeter les autres.
Alors bien sûr rien n’est parfait. Aucune expérience de gouvernement ne se fait sans difficultés. La nôtre n’échappe pas à la règle et il faut le dire avec humilité. Oui, nous avons connu des écueils. Oui, il y a eu des erreurs, des promesses qui ont pris du temps à être tenues, des retards, liés au nécessaire passage de la culture militante à l’exercice des responsabilités. À la sous-estimation aussi des contentieux administratifs hérités du passé que nous avons eu à gérer à notre arrivée au pouvoir. Aux effets de la crise sanitaire qui prirent ici une ampleur économique plus forte que sur le continent. Aux non-réponses de l’Etat à nos demandes légitimes comme à la lenteur des procédures juridiques européennes ou encore plus récemment à l’instabilité gouvernementale depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Comme toutes les autres régions nous avons subi et nous subissons de plein fouet les effets délétères de la crise politique et budgétaire qui secouent la France. Comment aurions-nous pu y échapper ?
Je pense aussi aux drames qui se sont succédés, dont l’assassinat d’Yvan Colonna qui fit descendre dans la rue la jeunesse corse durant plusieurs jours d’intense colère. Et qui conduisit à l’ouverture du processus de Beauvau pour lequel, nous avons tous ici travaillé pendant des jours et des nuits, et pour lequel nous attendons maintenant que le Gouvernement puis le Parlement prennent leurs responsabilités.
Oui les choses ne sont pas allées aussi vite que nous l’aurions voulu mais je peux assurer les Corses d’une chose : durant toutes ces années, chaque décision que nous avons prise l’a été en mettant les intérêts de la Corse et leurs attentes légitimes au coeur de nos choix, et de notre action, sincèrement et avec, depuis le premier jour, la volonté de bien faire et d’être juste.
Je disais, il y a un instant, que cette émancipation collective n’est pas encore aboutie, et plutôt que de regarder en arrière, regardons l’avenir comme nous y a invités récemment, lors de sa dernière session, l’Assemblea di a Ghjuventù.
Alors que partout dans le monde et en Europe, les défis s’accumulent, alors que la Corse, sous l’effet conjugué d’une croissance démographique tirée par le solde migratoire et d’un vieillissement accéléré de la population, voit sa sociologie et son identité se transformer, quel est notre cap pour la prochaine décennie et au-delà ? Que proposera-t-on les uns et les autres à cette jeunesse qui connaît déjà l’élévation de la température, la pression mafieuse, les dégâts des addictions, l’importation d’idées nauséabondes, les dérives des réseaux sociaux et pire que tout, le sentiment de dépossession ? Que lui proposera-t-on pour être résiliente sur le plan climatique, innovante sur le plan économique, inventive sur le plan sociétal et toujours résistante sur le plan politique ?
C’est cela la véritable question qu’il faudra se poser avant de prétendre gouverner ce pays à quelque niveau institutionnel que ce soit qu’il s’agisse des communes, des intercommunalités, de la Collectivité.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les conseillers exécutifs, mesdames et messieurs les conseillers territoriaux, pour construire un futur soutenable, je vous invite en cette fin d’année à vous remémorer non seulement les valeurs de Paoli « éducation, liberté, démocratie », non seulement le message oecuménique du Saint Père nous conviant à la paix et à la joie dans l’action, mais aussi le message de notre jeunesse délivré le 4 décembre dernier et que je veux citer, ce sont les mots du Vice-Président de l’Assemblea di a Ghjuventù : « Pour nous, jeunes membres de cette Assemblea di a Ghjuventù, cette décennie aura été celle du passage de l’enfance vers l’adolescence pour entrer maintenant progressivement dans l’âge adulte…
Gageons qu’il en soit de même pour la Corse et qu’elle entre elle aussi dans l’âge de maturité lors de la prochaine décennie : celle de la transformation, de l’accomplissement, celle de l’émancipation… ».
Allora cari tutti ch’issa fine d’annata vi porti à tutte è tutti pace è gioia, è ch’ella ci dessi a forza di purtà sempre più luntanu è più altu u prugettu d’emancipazione econumicu, suciale è puliticu di u nostru populu.
À ringrazià vi !
E cusi sià !
* Seul le prononcé fait foi






