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Discorsu di a Presidente di l’Assemblea di Corsica di a sessione di u 27 di marzu di u 2024


Discours de Marie-Antoinette Maupertuis*, Présidente de l'Assemblée de Corse, prononcé le 27 mars au cours de la session ordinaire




Sgiò Presidente di l’esecutivu,
Signori Deputati,
Signora Presidente di u CESECC,
Signore è signori i cunsiglieri esecutivi,
Signore è signori i cunsiglieri di l’Assemblea di Corsica,
Signori merri è presidenti di e communità di cumune di Corsica,
Sgiò Presidente di u scagnu di a Camera di i Territorii,
Signori Vice-Presidenti di l’Assemblea di a ghjuventù,

Care tutte, cari tutti,

Allora chì simu quì oghje adduniti pè scrive una pagina nova di a nostra storia istituziunale è cullettiva, vuleria principià stu prupositu incù un parè persunale.
St’Assemblea, chi hà festighjatu i so 40 anni dui anni fà, ghjè abituata a discorre di l’avvene puliticu è istituziunale di a Corsica cù scontri, spessu d’altu livellu, stampati ind’è a so storia, visi è parolle ch’ùn si ponu sminticà.
Ind’è st’emicicliu, è al di là u populu corsu, s’hè dibattutu, cummentatu tante volte dapoi decine d’anni, i statuti, e so limite, mà dinò a sperenza di fà ogni volta un passu piu grande versu l’autonomia.
Oghje, capimu, è forse voi altri dinù, a forza di sta sperenza chi ci a purtatu quì è u sensu di a nostra responsabilità.
Ghjè ora !
Se di sta nova tappa ne sintimu oghje l’impurtenza, ghjè chì u tempu fù longu !
Fù longu da quant’hè apparsu u prughjettu autonomistu in Corsica. Cume parecchji quì, era una zitella di sett’anni quandu fù publicatu « Autonomia, pour que vive le peuple corse » è l’autonomisti, è i naziunalisti, eranu minuritarii nantu à sta terra. Un mezzu seculu !
Fù longu u trattamentu di a questione corsa da u Statu, quante fubbenu longhi è pisii l’anni di cunflittu.
Fù longu u tempu di a demucrazia nigata dopu à l’elezzione di u 2015.
Ciò che vi vogliu dì ghjè chì sta stonda d’oghje, ùn hè micca una « prima volta ».
Ne, à u livellu di l’idee, ne mancu à quellu di a storia, ne a quellu di a geugrafia postu chì altre isule vicine è regione auropee anu statuti d’autonomia dipoi decine d’anni.
Mà ghjè a prima volta chè no simu ghjunti, tutti i partiti, à un tal’ puntu di maturità pulitica annant’à un prujettu d’autonomia è di ricuniscenza di a Corsica indè a Custituzione.

Oui le temps fut long !
Mais c’est peut-être parce que le temps fut long et les occasions nombreuses, parfois manquées, que nous avons désormais une exigence, plus forte, de résultat et un sens, plus fort, de responsabilité.

Fruit d’un temps long et d’un événement tragique, - l’assassinat d’Yvan COLONNA - le processus de Beauvau que nous nous apprêtons à clore, est né et a vécu d’urgence et de nécessité. Le printemps 2022 est venu s’imposer à nous, et quand je dis « nous », je parle des Corses et de l’Etat, je parle de la majorité et de l’opposition, je parle des Corses dans leur diversité.
Pouvions-nous laisser encore au temps le temps de porter la Corse dans la voie de la colère, de la violence au-delà d’un point de non-retour?

Après deux années, le fruit de nos réflexions, de nos échanges, de nos accords et désaccords est devant vous. Beaucoup a été dit et sera encore dit sur le projet d’écriture qui prévoit l’inscription de la Corse dans la Constitution.
Je voudrais rappeler ici que c’est le résultat d’un travail de longue haleine qui, après une phase élargie au sein de la délégation de Beauvau, a d’abord culminé le 5 juillet dernier lors du vote ultra majoritaire de la délibération Autonomia. Je rappelle à cette occasion que jamais auparavant une proposition faite dans cet hémicycle n’était allée aussi loin sur les plans symbolique, politique et juridique. Le travail s’est ensuite poursuivi autour de la Conférence des Présidents afin de créer les conditions d’une convergence large en faveur d’un projet de texte constitutionnel. Après 13 conférences des Présidents depuis novembre dernier, certaines consacrées à des thèmes fondamentaux comme la langue ou le foncier, après la réunion des membres du Comité Stratégique et l’adoption d’une Déclaration solennelle le 23 février, nous pouvons le dire : nous nous sommes donné collectivement une chance de faire un pas décisif pour la Corse. Les dernières séquences de travail, dans un format choisi par le ministre de l’Intérieur, ont quant à elles porté sur un texte ayant vocation à intégrer la Corse dans la Constitution, produit ultime des points d’accord trouvés.

Je le disais, beaucoup a été dit et beaucoup sera dit et écrit sur ce texte. Sur ces 28 lignes telles que rapportées dans le rapport transmis par le Président du Conseil exécutif.

Alors certains diront, et disent déjà, notamment du côté de Paris, que cela va trop loin.
D’autres diront, et disent déjà, notamment du côté de certains nationalistes, que le compte n’y est pas.
La vérité est forcément au milieu, et vous le savez.

Alors, à l’analyse froide de cette proposition, laissez-moi vous lister ici quelques faits objectifs :
Premier fait objectif :
1. Ce texte se propose d’inscrire très clairement la Corse et ses spécificités linguistiques, culturelles et historiques dans la Constitution ainsi que le lien à notre terre.
Deuxième fait objectif :
2.Ce texte se propose de doter la Corse d’un statut d’autonomie.
Troisième fait objectif :
3.Ce texte, à vocation constitutionnelle, renvoie à la loi organique pour la définition des modalités d’application.

Qu’est-ce que cela signifie ?
D’une part, que ce texte répond dans sa rédaction à deux des objectifs de la famille politique à laquelle j’appartiens et du mandat que nous avons devant les Corses : la reconnaissance de nos spécificités et le pouvoir de légiférer.
D’autre part, que ce texte n’est pas la fin de quelque chose mais bien le début ! Le début d’un temps, qui je l’espère, ne sera pas aussi long que celui qui s’est écoulé avant l’ouverture de ce processus.

Un temps nouveau qui, je l’appelle de mes voeux, devra être celui de la responsabilité, notamment lors de la rédaction de la loi organique et dans la mise en oeuvre du statut qui suivra.
Il est important aussi de se dire ici que l’absence de mention explicite du peuple corse est un quatrième fait objectif. Pour autant, au nom des valeurs qui nous animent, des idées qui sont les nôtres, de cette culture que nous avons en partage, de cette façon d’être ce que nous sommes et d’être au monde, de nos histoires individuelles et collectives, quelqu’un ici peut-il encore nier que le peuple corse existe ?
Je vous le dis, et comme nous l’avons dit ensemble au sein de la Conférence des Présidents ces derniers mois, le peuple corse existe, il respire et il vit. Iè un populu c’hè ! A sapemu noi è a sanu anch’elli !

Sans vouloir ici digresser sur l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité chères à Max Weber, et sans tomber dans une vision binaire de cet instant et des choix qui doivent être les nôtres, je veux dire que si notre choix est celui du peuple, et c’est le cas, alors il nous faut agir pour garantir à ce peuple les conditions de sa survie, de son développement et de son rayonnement. Et cela passe par l’octroi d’un statut d’autonomie et d’un véritable pouvoir, par l’accession à une responsabilité supérieure devant les Corses et pour les Corses.

In respunsabilità, a vi vogliu dì : ste 28 righe custituziunale sò u più che no pudemu strappà dumane.
Ùn chjodenu nunda ! A u cuntrariu, ci spalancanu e porte annant’un altru avvene. A noi di fanne, in respunsabilità, un arnese à prò di u nostru populu, di una libertà nova è di una capacità à pudè sceglie.

Per compie, ramintaraghju i versi di a canzona “Ch’ellu canti u Populu Corsu” di Felì è Canta :
« Quantu ne ci vulerà torna seculi quantu Da chì ellu rivechi scrittu u so nome nantu À e pagine di l’universale libru Intantu sia fidu È luttà è cantà »
Allora eletti di u populu corsu a noi dinò di luttà in ogni spaziu puliticu, ecunomicu, suciale è culturale pè priparà a seguita è scrive a storia.
Un populu è a so ghjuventù aspettanu !

A ringrazià vi.

* Seul le prononcé fait foi

Rédigé le Mercredi 27 Mars 2024 modifié le Mercredi 27 Mars 2024

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